En offrant Vésuve de Brekka, un hongre bai brun de la Garde républicaine à son homologue chinois Xi Jinping, lors de son premier voyage officiel en Chine, le président Emmanuel Macron a remis le cheval sur un piédestal. Tout un symbole pour le PMU.

L’opérateur de paris a bien évidemment contribué à la concrétisation de ce cadeau et s’est retrouvé dans le club des entreprises françaises venant nouer des relations étroites avec des homologues chinois. Mais si la Chine est un pari sur le futur pour le PMU, sa destinée immédiate est entre les mains du gouvernement.

Or la situation du groupement d’intérêt économique (GIE), détenu par les sociétés de courses France Galop et Le Trot reste délicate. La concurrence de la Française des jeux (FDJ) et des opérateurs de paris sportifs et de poker en ligne est rude. Pourtant, malgré ce terrain lourd, à force de cravacher, le PMU a renoué avec la croissance en 2017.

Erosion des paris en points de vente

Selon les chiffres publiés lundi 15 janvier, le total des enjeux, englobant paris hippiques, paris sportifs et poker, a progressé de 2 %, à 9,929 milliards d’euros. L’activité hippique, qui représente près de 80 % du total, affiche elle-même une hausse de 2 %. Portée par la croissance des enjeux à l’international de plus de 10 %, mais aussi par celle des paris hippiques en France, à + 0,9 %. Un retour dans le vert qui doit surtout au rebond des mises sur Internet alors que l’érosion se poursuit dans les points de vente à – 0,7 %.

Une « rupture de tendance » comme la qualifie Alain Resplandy-Bernard, PDG par intérim du PMU, depuis la démission de Xavier Hürstel en novembre 2017. Il se félicite d’autant plus de cette performance que 4 quintés ont été annulés au cours de la saison. Elle est très liée à la dynamique d’innovation retrouvée du PMU.

Le pari hippique par SMS a trouvé son public, avec un total de mises de 90 millions d’euros en 2017.

Le lancement du pari hippique par SMS, par exemple, a trouvé son public avec un total de mises de 90 millions d’euros en 2017. De même que le Simple Jackpot, un pari sur un cheval gagnant ou placé dont le gain peut être multiplié par un facteur allant jusqu’à mille. Seule ombre au tableau, en donnant ainsi un coup d’accélérateur au pari simple, moins lucratif pour l’opérateur, les marges sont un peu sous pression. En l’occurrence, le produit brut des jeux (la différence entre les mises et les gains des joueurs) se tasse de 0,3 %, à 2,437 milliards d’euros.

Pour 2018, le PMU espère repasser la barre des 10 milliards d’euros d’enjeux. Un niveau franchi à la baisse en 2014. « Nous devons allumer le quatrième moteur et être en croissance sur tous nos segments et sur tous les vecteurs de commercialisation, y compris dans les bars PMU », affirme M. Resplandy-Bernard. Sachant que le plan de transformation et de modernisation des 13 350 points de vente se poursuit.

L’objectif est également de continuer à proposer deux nouveaux paris et services par an. Le PMU va ainsi lancer le 28 janvier à l’occasion du Prix d’Amérique, la grande réunion de trot à Vincennes, Epiqe Tracking, une application pour vivre les courses autrement sur son smartphone. Les chevaux seront équipés de capteurs et chacun pourra suivre la chevauchée comme s’il drivait lui-même le sulky de son choix. Les paris sportifs qui bénéficieront cette année de l’engouement pour la Coupe du monde de football sont aussi considérés par l’opérateur historique comme un levier pour recruter une clientèle plus jeune.

60 000 emplois directs

Le recrutement et la fidélisation des joueurs conditionnent la santé économique de toute une filière, qui revendique 60 000 emplois directs, souvent dans des territoires ruraux. Ce qui distingue le PMU des autres opérateurs de jeu. En effet, le GIE verse l’intégralité de ses dividendes aux sociétés de courses, France Galop et Le Trot.

Or, le montant versé a décru avec le repli de l’activité du PMU et les comptes des sociétés de courses ont viré au rouge. Pour 2018, le PMU s’est fixé comme objectif de verser 5 millions d’euros supplémentaires à France Galop et autant au Trot, portant le montant des dividendes à 803 millions d’euros.

Le PMU serre donc les boulons. Il a lancé, en 2016, un plan d’économie sur 3 ans avec un objectif de réduction des coûts de 24 millions d’euros et la suppression de 88 postes. Il a, par exemple, décidé de ne plus être sponsor de l’équipe de football du PSG. Autre coupe nette, côté télé : l’arrêt d’Equidia Life, pour ne garder qu’Equidia en tant que chaîne des courses.

Dans ce contexte compliqué, les projets gouvernementaux sont scrutés de près. Comme la possible cession de parts de l’Etat dans la FDJ ou la volonté de libéraliser encore plus le secteur des jeux. Reste à savoir qui succédera officiellement à M. Hürstel à la tête du PMU. Les chasseurs de têtes ont fait une sélection. A moins que M. Resplandy-Bernard ne poursuive le travail engagé. Les paris sont ouverts.