Une rue de Kreuzberg, à Berlin, en Allemagne. En deux ans, le nombre de demandeurs d’asile accueillis en Allemagne a été considérablement réduit : de 890 000 en 2015, ils n’étaient plus que 186 644 en 2017.

Le chiffre est politiquement de haute importance dans le contexte actuel : 186 644 demandeurs d’asile ont été accueillis en Allemagne en 2017, a annoncé, mardi 16 janvier, le ministère fédéral de l’intérieur à Berlin. Soit moins de 200 000, chiffre qui correspond au « plafond » (Obergrenze) exigé par l’Union chrétienne-sociale (CSU), alliée bavaroise de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela Merkel. Sans que le droit ait été changé, l’obsession de la CSU de limiter le nombre de réfugiés est devenue réalité.

En deux ans, le nombre de demandeurs d’asile accueillis en Allemagne a été considérablement réduit : de 890 000 en 2015, ils n’étaient plus que 280 000 en 2016. Ils ont été presque 100 000 de moins en 2017, soit au niveau de 2013.

Dans le même temps, le nombre de reconduites à la frontière s’est élevé à 26 000, soit 2 000 de moins que l’année précédente, a précisé le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, mardi matin. Il a ajouté que le nombre de cas en attente et la durée des procédures avaient également été nettement réduits. Comme en 2016, le plus gros contingent de réfugiés est venu de Syrie (48 000), suivi des demandeurs d’asile irakiens (21 000), afghans (12 000) et érythréens (9 500). 8 000 Turcs ont également demandé refuge en Allemagne.

Un des principaux points de clivage

Le passage sous la barre symbolique des 200 000 réfugiés accueillis en Allemagne pourra-t-il faciliter les négociations autour de la formation du futur gouvernement ? La question des réfugiés est un des principaux points de clivage entre les partis de la CDU et le Parti social-démocrate (SPD). Le projet dévoilé, vendredi 12 janvier, comme point de départ des discussions, prévoit plusieurs mesures qui font débat : une limitation de l’accueil entre 180 000 et 220 000 réfugiés par an et de fortes restrictions des modalités du regroupement familial.

Les demandeurs d’asile seraient par ailleurs accueillis dans des centres de regroupement pendant toute la durée de la procédure. Enfin, certains pays comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, ainsi que « d’autres pays dont les ressortissants ont moins de 5 % de chances d’être reconnus comme des réfugiés », devront être considérés comme des « pays sûrs ».

Ces points suscitent l’opposition de front de l’aile gauche du SPD, qui refuse d’entendre parler d’une limitation de principe pour l’accueil des réfugiés ou de leur famille. Avec la réduction du nombre de cas, il ne serait plus nécessaire de faire apparaître le mot « plafond » dans un éventuel accord de coalition, un mot que rejettent à la fois le SPD et Angela Merkel.

Cela suffira-t-il pour convaincre les militants ? Les prochains jours seront déterminants. Dimanche 21 janvier, le parti se réunit en session extraordinaire, à Bonn, pour voter sur la poursuite ou non des négociations avec les partis de la CDU.

Incitations au retour au pays

Enjeu politique majeur, la réduction du nombre de demandeurs d’asile est un des chantiers prioritaires du ministère de l’intérieur. Après la fermeture de la route des Balkans et l’accord avec la Turquie, Berlin a multiplié, ces derniers mois, les incitations au retour au pays. Jusqu’à l’année dernière, elles se limitaient au remboursement du prix du billet d’avion et l’allocation d’une bourse pour les candidats au départ.

Depuis février 2017, chaque réfugié qui décide de rentrer dans son pays d’origine reçoit une prime, qui peut aller jusqu’à 1 200 euros, avec un supplément dans le cas des familles. En décembre 2017, le ministère de l’intérieur a décidé d’une prime supplémentaire : les demandeurs d’asile qui se décident à rentrer chez eux d’ici à février 2018 recevront en plus de l’argent liquide et des aides pour l’achat de meubles et le loyer sur place.

Ces mesures s’adressent surtout aux personnes dont la demande d’asile a été rejetée ou à celles dont la procédure est encore en cours. Ils doivent s’engager à ne pas faire appel de la décision et de ne pas revenir en Allemagne. Un programme spécial est prévu pour les migrants provenant de Serbie ou du Monténégro, dont la demande d’asile a peu de chances d’aboutir.

Ces mesures sont très critiquées par les associations d’aide aux réfugiés, qui les considèrent comme contraires au principe du droit d’asile.