Des policiers israéliens procèdent à l’arrestation d’un Palestinien, après des affrontements qui ont émaillé une manifestation, à Nabi Saleh (Cisjordanie), de soutien à des prisonniers palestiniens. / Majdi Mohammed / AP

Au fond d’une impasse, difficile d’avancer. Réuni pendant deux jours à Ramallah, en Cisjordanie, le conseil national de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) devait dessiner une nouvelle stratégie nationale. Dans le communiqué final, publié lundi soir 15 janvier, la continuité est pourtant forte, malgré des annonces symboliques.

Entérinant la fin de la période transitoire prévue dans les accords d’Oslo (1993) avant un Etat palestinien, et donc leur échec, les délégués ont appelé le comité exécutif de l’organisation à suspendre la reconnaissance d’Israël par l’OLP tant qu’il n’aura pas cessé la colonisation et annulé l’annexion de Jérusalem-Est. Le conseil a réclamé l’arrêt de la coordination sécuritaire avec Israël, qui sert pourtant les intérêts de l’Autorité palestinienne. « Ce qui aussi est notable, souligne l’analyste politique Nour Odeh, c’est le soutien nouveau apporté au mouvement BDS [Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël]. Le conseil retient la nécessité de faire payer un prix pour l’occupation, de la rendre insupportable. Cela répond à une demande générale de l’opinion palestinienne. »

Amertume et colère

S’exprimant le 14 janvier devant le conseil, le président Mahmoud Abbas n’a pas réellement dévié de sa ligne directrice : la solution à deux Etats, par la voie de la non-violence et des négociations dans un cadre multilatéral, dès lors que le médiateur américain est discrédité à ses yeux. Il n’a pas demandé le sabordage de l’Autorité, ersatz d’Etat souverain, ni la fin de la coordination sécuritaire. Il n’a pas non plus clairement recommandé de revenir sur la reconnaissance d’Israël par l’OLP, ce qui laisse la porte ouverte pour la suite.

Le conseil national a réitéré un appel à l’unité entre factions, au nom de l’intérêt national. Mais ces intentions se heurtent à une réalité : celle des chaises vides laissées par deux des principales factions, le Hamas et le Jihad islamique. Un nouveau signe des difficultés rencontrées dans le processus de réconciliation nationale, engagé sous le patronage égyptien pour résoudre la crise humanitaire à Gaza.

Dans son allocution, M. Abbas a tenu des propos pleins d’amertume et de colère. Il a notamment qualifié Israël de « projet colonial n’ayant rien à voir avec le judaïsme », dans un dégagement historique outrancier tendant à nier la légitimité de l’Etat hébreu. Unanime, la droite israélienne s’est emparée de ces propos pour disqualifier le président palestinien. M. Abbas a dit « exactement les choses qui l’avaient conduit à être accusé, il y a des années, d’antisémitisme et de déni de l’Holocauste », a souligné le président israélien, Réouven Rivlin.