L’italien Ferrero rachète l’activité confiserie américaine du groupe suisse Nestlé pour  2,5 milliards d’euros. / GIUSEPPE CACACE, FABRICE COFFRINI / AFP

Et le gagnant est… Ferrero ! C’est lui qui a décroché l’enchère organisée par le leadeur mondial de l’agroalimentaire Nestlé. L’enjeu : l’activité confiserie américaine du groupe suisse avec des marques comme Butterfinger, Baby Ruth et Laffy Taffy, soit un ensemble pesant 900 millions de francs suisses (828 millions d’euros). La transaction s’établit à 2,8 milliards de francs suisses, 2,5 milliards d’euros. Elle devrait être conclue « vers la fin du premier trimestre, après finalisation des approbations réglementaires et des conditions de clôture », a expliqué Nestlé dans un communiqué publié mardi 16 janvier.

C’est la première grosse cession signée par Ulf Mark Schneider. Quasiment un an jour pour jour, après son arrivée à la tête de Nestlé. Cet Allemand, successeur de Paul Bulcke, a pour mission de redonner un nouveau souffle à un groupe en panne de croissance. D’ailleurs, en juillet 2017, il a dû, une nouvelle fois, réviser à la baisse ses prévisions, estimant que, pour l’ensemble de l’année, l’objectif de croissance serait « dans la moitié inférieure de la fourchette », comprise entre 2 % et 4 %.

En allant chercher un homme qui n’était pas du sérail de l’agroalimentaire, mais qui a fait ses armes dans la santé, le groupe de Vevey avait donné un signal fort. Le temps du changement avait sonné. Une pression sur Nestlé qui s’est encore accrue avec l’arrivée surprise, à l’été 2017, d’un nouvel aiguillon. En l’occurrence, le fonds activiste américain Third Point, dirigé par Daniel Loeb. Il a révélé, fin juin 2017, détenir 1,3 % du capital, pour un investissement chiffré à 3,5 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros). Dès son entrée en scène, Third Point prônait la vente des actifs non stratégiques, la cession de la participation de 23 % dans L’Oréal, des acquisitions et un programme de rachat d’actions. Avec un objectif : accroître les marges et la valorisation boursière de l’entreprise.

Rester à l’avant-garde des tendances de consommation

En septembre 2017, M. Schneider a livré sa vision stratégique aux investisseurs. Il a, pour la première fois, fixé un objectif de marge opérationnelle compris entre 17,5 % et 18,5 % en 2020, contre 16 % en 2016. Donnant un indicateur de sa volonté d’accélérer les restructurations du groupe. Dans les activités agroalimentaires, il a fixé la priorité au café, aux produits pour animaux de compagnie, à la nutrition infantile et à l’eau en bouteille. Les produits de santé grand public sont, elles, considérées comme une « plate-forme de croissance additionnelle ». A cette occasion, il a confirmé la volonté de céder l’activité de confiserie aux Etats-Unis en perte de vitesse.

Cette vente a mis en appétit plusieurs acquéreurs potentiels. L’italien Ferrero et l’américain Hershey’s croisaient le fer avec des fonds d’investissement dont l’américain Rhone Capital. C’est finalement Ferrero qui a donc remporté la mise.

En parallèle, le groupe suisse continue ses emplettes. Avec la volonté affichée de M. Schneider de croître, en restant à l’avant-garde des tendances et en répondant en particulier aux aspirations des consommateurs pour une vie plus saine. Il a pris une participation dans Freshly, une société de livraison de repas préparés par ses soins, il a acheté Sweet Earth, un fabricant de produits pour les végétariens, avant de s’offrir Blue Bottle Coffee, une chaîne de café plébiscité par les hipsters.

Moins de chocolat, plus de vitamines

En décembre 2017, il a misé plus gros : 2,3 milliards de dollars pour s’offrir le canadien Atrium Innovations, spécialisés dans les produits de santé nutritionnelle. Atrium fera partie de Nestlé Health Science, l’activité de produits de santé grand public de Nestlé. La volonté de se développer encore sur ce marché en croissance, véritable axe de diversification du groupe suisse, pourrait s’illustrer avec une autre opération.

Nestlé serait en lice pour acquérir l’activité de santé grand public du groupe Merck. Mais pour s’emparer de cette division de l’entreprise pharmaceutique et de ses marques délivrées sans ordonnance, comme Neurobion ou Seven Seas, vitamines ou suppléments nutritionnels, il faudrait débourser près de 5 milliards de dollars. Moins de chocolat, plus de vitamines, c’est le nouveau régime de Nestlé pour arrondir ses marges et accélérer sa croissance.