Usine Renault à Dieppe, le 14 décembre 2017. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

La course n’a jamais été aussi serrée entre les deux constructeurs nationaux Renault et PSA. Les deux groupes ont battu leur record de ventes pour la quatrième année consécutive. Lundi 15 janvier, Renault a annoncé avoir livré 3,76 millions de véhicules dans le monde, en forte hausse de 8,5 %. Mardi, c’était au tour de PSA de présenter ses résultats commerciaux, et il n’a pas à rougir. Il a écoulé 3,63 millions de voitures et utilitaires, en croissance de 15,4 % !

Les deux constructeurs surfent bien sûr sur la croissance de leurs différents marchés, mais ils ont surtout changé de périmètre. Côté Renault, pour la première fois, les immatriculations de Lada (335 000 unités), sa filiale russe, ont été ajoutées à celles des marques Dacia, Renault, Renault Samsung et Alpine. Et cela permet à la marque au losange de conserver une longueur d’avance sur son rival hexagonal.

Côté PSA, la croissance est portée en grande partie par le rachat d’Opel à General Motors, officiel depuis le 1er août 2017. Au second semestre de l’année dernière, 403 000 voitures badgées Opel ou Vauxhall ont été vendues, gonflant les volumes du groupe. Sans cette acquisition, ceux-ci n’auraient crû que de 2,6 %. C’est Peugeot qui tire aujourd’hui le constructeur et franchit pour la première fois la barre historique des deux millions de véhicules livrés. « 2017 a été un millésime exceptionnel, avec une croissance de plus de 10 % des volumes, et ce partout dans le monde », salue son patron Jean-Philippe Imparato, alors que Citroën (– 7,5 %) et DS (– 38,5 %) ont encore connu une année médiocre.

La différence se fait sur les marchés émergents

Renault et PSA ont avant tout forgé leurs résultats en Europe, de loin leur premier marché mondial. Avec près de 2,4 millions de véhicules écoulés sur ce marché encore très dynamique, PSA redevient le numéro deux derrière l’allemand Volkswagen grâce à la commercialisation de ses 4x4 urbains, très populaires (3008, 2008, etc.), mais également ses berlines (308, C3, Insignia). Le groupe historique de Sochaux vend désormais 65,5 % de ses voitures et utilitaires sur le Vieux Continent. Renault, pour sa part y a immatriculé 1,9 million de véhicules et y écoule 50,8 % de sa production mondiale.

Sur le marché spécifique des véhicules utilitaires, les deux groupes sont également au coude à coude. Avec 476 500 immatriculations, essentiellement en Europe et en Amérique du Sud, PSA a dépassé désormais Renault grâce à un bond de 15 % de ses livraisons mondiales. Renault, qui a crû de 4 % en 2017, a commercialisé pour sa part 462 900 utilitaires dans le monde entier.

La différence entre les deux français se fait essentiellement sur les marchés émergents. En Russie, en Amérique du Sud et en Inde, Renault est clairement le mieux placé, grâce à des implantations datant du début des années 2000. Renault et Lada profitent notamment du redémarrage, après quatre années de crise, du marché russe. Le constructeur y a vendu 448 000 véhicules, ce qui équivaut à une part de marché de 28 %, quand PSA plafonne à 15 000 unités…

En Amérique du Sud, le Losange surfe également sur le redémarrage des marchés brésiliens et argentins après plusieurs années de stagnation. Il y a vendu 380 000 véhicules, près de deux fois plus que PSA. En Inde, enfin, Renault a maintenu ses commandes au-dessus des 100 000 exemplaires, quand PSA n’y commercialise toujours pas de véhicules. Il n’entend s’attaquer à ce marché qu’à partir de 2020.

Des dynamiques opposées

PSA fait pour sa part la différence en Iran et en Chine. Premier groupe historique dans l’ancienne Perse, il y a encore écoulé 445 000 exemplaires en 2017. Pour l’instant, il s’agit essentiellement de 206, 207 et 405, qui rapportent peu au constructeur. En 2018, les premiers véhicules de dernière génération, plus rémunérateurs, seront mis en vente. Renault, pour sa part, a réalisé en Iran 160 000 immatriculations, en croissance de 50 %.

En Chine, PSA conserve également une grande avance sur son concurrent français, fort d’une implantation historique dans l’empire du Milieu. Reste que les dynamiques des deux groupes sont diamétralement opposées. Alors que PSA y distribuait encore en 2015 700 000 véhicules, il n’en a vendu en 2017 que 350 000 unités, et ce alors que le marché est toujours en croissance.

Renault, qui s’est relancé en 2016 sur le premier marché de la planète, connaît pour sa part un démarrage relativement lent. Il a bien affiché une croissance de 100 % en 2017, mais ses ventes n’atteignent que 72 000 exemplaires, alors que l’usine inaugurée à Wuhan en 2015 peut produire deux fois plus de véhicules chaque année.

Pour les perspectives 2018, tant Renault que PSA visent une nouvelle hausse de leurs ventes sur un marché mondial attendu en croissance de 2,5 %, et un marché européen en croissance plus modérée de 1 %.