Le programme Google Preferred, qui présélectionne les chaînes les plus pertinentes pour les annonceurs, triera désormais les vidéos en amont. | Capture d'écran

Blagues antisémites, dessins animés violents pour enfants, ou encore diffusion d’images d’un cadavre… YouTube fait face depuis un an à plusieurs scandales liés au contenu des vidéos de ses créateurs phares, comme PewDiePie, ou, plus récemment, Logan Paul.

C’est dans ce contexte que la célèbre plate-forme de partage de Google a annoncé, mardi 16 janvier sur deux de ses blogs, une batterie de mesures afin d’assainir son écosystème. Elles concernent toutes les règles de monétisation des vidéos. En visant les vidéastes polémiques au porte-monnaie, elle espère lutter contre la tentation de la shock value, le recours à un contenu choquant pour susciter de l’audience et des retombées pécunières.

Une modération humaine a priori

La principale évolution concerne Google Preferred, le programme publicitaire censément le plus efficace de YouTube, car centré sur les youtubeurs aux plus hautes audiences et un public de 18-34 ans. Désormais, pour pouvoir bénéficier des revenus publicitaires associés, chaque vidéo devra avoir été préalablement regardée et validée par un modérateur humain. Celui-ci aura pour mission de vérifier que son contenu convient pour tout public. Ce changement de politique doit devenir effectif d’ici mi-février aux Etats-Unis et fin mars dans les quinze autres pays concernés, dont la France.

Le 10 janvier dernier, YouTube avait retiré Logan Paul, un youtubeur très populaire, du programme Google Preferred après que ce vidéaste a filmé le corps d’un homme s’étant récemment suicidé. La plate-forme avait été critiquée pour son manque de réaction mais aussi de garde-fous : la vidéo polémique avait été publiée le 31 décembre sur la chaîne du créateur aux 15 millions d’abonnés et était restée plus de vingt-quatre heures en ligne.

Le temps de visionnage valorisé

Autre changement : le YouTube Partner Program, programme plus général qui permet aux vidéastes de monétiser leurs vidéos, deviendra accessible non plus sur des critères d’audience mais d’adhésion. Jusqu’alors, un vidéaste devait cumuler 10 000 « vues » sur douze mois sur l’ensemble de sa chaîne pour en bénéficier. Mais la façon dont les « vues » sont comptabilisées fait parfois l’objet de contestations, son fonctionnement, fondé sur un algorithme, étant relativement obscur.

Désormais, YouTube exige 1000 abonnés et 4 000 heures de visionnage. La plate-forme espère ainsi favoriser les créateurs qui « contribuent de manière positive à la communauté », expliquent Neal Mohan, chef de produit, et Robert Kyncl, responsable d’affaires, dans un billet de blog.

Enfin, YouTube annonce vouloir rendre plus transparentes les relations entre annonceurs et créateurs, en permettant notamment aux entreprises d’évaluer la pertinence des vidéos dans lesquelles leurs publicités apparaissent. En février 2017, après une vidéo dans laquelle il avait placé une plaisanterie antisémite, Felix « PewDiePie » Kjellberg, considéré comme le youtubeur le plus populaire au monde, avait déjà perdu son contrat avec Disney.