Les autorités marocaines ont annoncé, mardi 16 janvier, un plan d’urgence pour répondre aux revendications de la population de Jerada (nord-est), ancienne cité minière agitée par des manifestations sociales depuis fin décembre 2017.

Ce plan d’urgence, destiné à « répondre aux attentes pressantes des habitants de la province de Jerada », concerne les factures d’eau et d’électricité, la création d’emplois, le contrôle de l’exploitation des puits désaffectés de charbon et la dégradation de l’environnement, selon l’agence officielle MAP.

Le mouvement de contestation sociale a été provoqué par la mort accidentelle, fin décembre, de deux frères piégés dans un puits désaffecté où ils cherchaient du charbon. Depuis, des rassemblements pacifiques dénoncent régulièrement « l’abandon » de cette ville économiquement exsangue depuis la fermeture de ses mines en 1998.

Une délégation ministérielle avait été dépêchée sur place début janvier pour apaiser les tensions, sans convaincre les protestataires qui ont continué à se mobiliser en demandant « des projets de développement concrets ». Samedi 13 janvier, une nouvelle marche a réuni plusieurs milliers de personnes, selon les organisateurs, moins de cinq cents selon les autorités locales.

Une situation « anarchique »

Le contexte « nous impose de faire preuve de plus de mobilisation pour remédier aux questions liées à la situation socio-économique », a déclaré le gouverneur de la région, en présentant le plan d’urgence lundi à Oujda, la capitale régionale. Le plan d’urgence prévoit notamment le lancement, dans les prochains jours, d’une opération de fermeture des puits désaffectés, avec une dotation de 4 millions de dirhams (400 000 euros).

Du fait de la pauvreté, certaines galeries sont toujours exploitées dans des conditions de sécurité très précaires par le biais de permis délivrés par le ministère. Cette situation « anarchique » va faire l’objet de contrôles et une étude sera lancée par la sécurisation des anciennes mines, selon le gouverneur.

Les autorités s’engagent aussi à trouver des emplois pour les jeunes dans la région et à recruter 500 femmes pour des contrats agricoles saisonniers dans le cadre d’un accord Maroc-Espagne, selon la MAP. Le plan prévoit également de renforcer les services de santé. Une caravane médicale a déjà été dépêchée la semaine dernière à Jerada, une ville où les cas de silicose, une maladie pulmonaire liée au travail de la mine, sont très nombreux.

Le Maroc a connu ces derniers mois deux autres mouvements de contestation sociale, à Al-Hoceima, dans le Rif (nord) après la mort d’un marchand de poissons en octobre 2016, et à Zagora, dans le sud désertique après des coupures d’eau liées à la surexploitation agricole.