Steve Bannon à la sortie de son audition par la Commission du renseignement de la Chambre des représentants mardi 16 janvier. / Jacquelyn Martin / AP

Steve Bannon, ancien proche conseiller de Donald Trump, a refusé, mardi 16 janvier, de répondre aux nombreuses questions des parlementaires sur une éventuelle ingérence russe dans la campagne électorale de 2016.

M. Bannon a été interrogé plus de sept heures à huis clos par la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, qui – comme le Sénat – a lancé sa propre enquête pour déterminer si la campagne russe de désinformation et le piratage en défaveur de la candidate démocrate Hillary Clinton avait reçu des appuis au sein de l’équipe de M. Trump.

Ces enquêtes parlementaires sont toutefois distinctes de celle menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion entre l’équipe de campagne de M. Trump en 2016 et la Russie de Vladimir Poutine.

« Prérogative présidentielle »

Longtemps décrit comme l’éminence grise de la campagne puis du début de la présidence Trump avant de tomber en disgrâce, M. Bannon a refusé de répondre à de nombreuses questions, invoquant la « prérogative présidentielle » concernant la période de transition – entre l’élection et l’investiture – et les quelques mois qu’il a passés comme conseiller spécial en chef de la Maison Blanche, entre janvier et août.

Cette prérogative permet au président et à certains responsables de l’exécutif de ne pas divulguer certaines informations au Congrès ou à la justice. « Si vous faites partie de la Maison Blanche et que vous parlez de choses qui se sont passées pendant la campagne mais à la Maison Blanche, alors on fait quoi ? », s’est interrogé le républicain Tom Rooney devant les journalistes à l’issue de l’audition.

« Tout ce qui s’est passé pendant que Steve Bannon était à la Maison Blanche ou pendant la transition, toutes ces communications étaient hors de portée. Il y a de nombreuses questions auxquelles nous n’avons pas eu de réponse en raison de cette toute nouvelle théorie de prérogative présidentielle », a expliqué Jim Himes, membre démocrate de la commission, sur CNN.

Assignation

Cette obstruction a mené le président de la commission, le républicain Devin Nunes, à lancer une assignation contre M. Bannon pour le forcer à coopérer au risque d’être poursuivi pour outrage au Congrès, selon des médias.

Plusieurs commissions parlementaires s’intéressent au premier cercle du président américain. En septembre, son fils aîné, Donald Jr, a passé cinq heures à huis clos devant la commission judiciaire du Sénat. Le gendre du président et proche conseiller, Jared Kushner, a lui aussi été interrogé à huis clos par plusieurs commissions parlementaires en juillet. L’équipe du procureur spécial a déjà procédé à plusieurs mises en examen, notamment celle de son ancien directeur de campagne Paul Manafort.

Le témoignage de M. Bannon est central dans les enquêtes concernant l’éventuelle ingérence russe dans la campagne. L’ancien stratège de Donald Trump a connu au plus près l’ascension du milliardaire new-yorkais pour avoir dirigé sa campagne dans la dernière ligne droite puis pour l’avoir conseillé durant les sept premiers mois de sa présidence.

Dans le livre récemment paru de Michael Wolff et qui a secoué la Maison Blanche, Le Feu et la fureur : dans la Maison Blanche de Trump, Steve Bannon affirme notamment que Donald Trump Jr a commis une « trahison » en rencontrant une avocate russe qui affirmait détenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

M. Bannon avait été poussé vers la sortie en août 2017 par Donald Trump, qui considère depuis que celui-ci à « perdu la raison ».