Dans un supermarché à Orléans, le 11 janvier. / GUILLAUME SOUVANT / AFP

Dans le sillage de l’affaire Lactalis et des nombreux dysfonctionnements constatés lors des procédures de rappel, Bruno Le Maire a annoncé, mardi 16 janvier, que des mesures seraient rapidement prises afin d’améliorer les dispositifs de retrait de produits en cas de crise sanitaire ou de malfaçon sur un produit de consommation.

Le ministre de l’économie a mandaté le Conseil national de la consommation (CNC) pour qu’il fasse, pour la fin du mois d’avril, des propositions. Car, actuellement, si des règles sont appliquées, l’intervention du facteur humain n’est pas gage d’étanchéité dans le dispositif. « Lorsque l’industriel détecte une anomalie n’ayant pas d’incidence sur la santé des consommateurs (erreur d’étiquetage ou de pays d’origine…), il mandate un ordre de retrait auprès de ses distributeurs, en précisant les numéros de lots concernés, le poids du produit, les dates de livraison…, afin que les distributeurs puissent les retirer précisément des rayons et les renvoyer ou les détruire », raconte un distributeur.

Les magasins doivent aussi obligatoirement en informer leurs clients « par voie d’affichage, à l’accueil et en rayon, et faire un retour au service qualité de leur société sur la mise en place de l’ordre donné et les quantités concernées », poursuit-il. « Si le fournisseur identifie, en concertation avec les autorités, une menace sur la sécurité du consommateur, il procède alors non pas à un retrait, mais à un rappel des produits, c’est-à-dire qu’il faut alors aussi joindre le consommateur pour l’informer qu’il ne faut pas les consommer ou les rapporter. »

« La piste d’un site Internet »

Les distributeurs commencent alors par exploiter leur fichier de clients possédant une carte de fidélité. Ils épluchent aussi les tickets de caisse pour voir si les acheteurs ont payé à l’aide d’une carte bancaire, de manière à avertir la banque afin qu’elle participe au processus de recherche du consommateur. « Et, pour les clients qui ont payé en espèce, à part le battage médiatique et la présence d’affichette en magasin, on ne peut rien faire », se désole un distributeur.

Pour améliorer le dispositif d’information du public, les associations de consommateurs ont déjà des idées, comme la mise en place d’un site officiel d’alerte qui recenserait les retraits et les rappels de produits de grande consommation. M. Le Maire a d’ailleurs « notamment évoqué la piste d’un site Internet unique recensant l’ensemble des produits concernés par une procédure de retrait-rappel et d’une application interactive permettant au consommateur de signaler aux autorités compétentes les anomalies qu’ils constateraient. »

La solution du code-barres

Une enquête de consommation logement cadre de vie (CLCV) de février 2017 montrait que 77 % des consommateurs se considéraient insuffisamment informés. L’association constatait qu’« en dehors des affichettes en magasins et de la diffusion de l’information dans les médias, l’accès à l’information concernant les rappels n’était pas aisé. En effet, les avis sont dispersés sur de nombreux sites : ceux de certains distributeurs, des administrations (qui en diffusent peu) ou encore les sites des fabricants (qui en diffusent très rarement)… »

Autre solution : bloquer les produits faisant l’objet d’un rappel grâce à leur code-barres au moment de leur passage en caisse. Pour le moment, cette technique pose problème, car le code-barres précise seulement la marque, la nature du produit, et son « parfum ». « C’est comme une carte d’identité qui ne porterait pas la date de naissance. Si j’applique une telle disposition à toutes les procédures, chaque jour, on va ratiboiser une référence entière de produits sans distinction, tout consigner et tout détruire, au moment où l’on cherche à éviter le gaspillage alimentaire », explique un distributeur.

Une piste pourrait être d’allonger les codes qui correspondent actuellement à une information à 13 chiffres. « C’est techniquement possible », explique François Deprey, directeur général de GS1 en France, l’organisme mondial en charge de délivrer les premiers numéros du code-barres qui identifient les entreprises. Il rappelle que les boîtes de médicaments disposeront, à partir de 2019, d’un code en deux dimensions, « qui permettra quasiment d’identifier la boîte que le consommateur a dans la main ».