Pierre Guerreschi, devant l’imprimante 3D PAM de la start-up française Pollen-AM. / Pollen-AM

Il tisse sa toile pour ne pas marcher seul sur son fil. Chirurgien plasticien, Pierre Guerreschi soigne les patients au CHRU de Lille, enseigne à la faculté de médecine et fait de la recherche. Une triple mission assez courante pour un médecin hospitalo-universitaire, mais sa spécialité reste l’une des plus récentes : elle n’a émergé qu’après la seconde guerre mondiale et son lot de « gueules cassées ». L’une des plus petites aussi : elle compte 1 000 membres, dont une quarantaine d’hospitalo-universitaires travaillant en CHRU, loin de l’exercice en ville de la chirurgie esthétique. « C’est ce côté agile et encore neuf qui m’a donné le goût pour ce métier. Je savais d’emblée qu’il serait possible d’innover », raconte Pierre Guerreschi, qui tresse son maillage en le liant à l’histoire textile du Nord.

Grâce au pôle de compétitivité UP-tex, installé entre Roubaix et Tourcoing, le chirurgien plastique rencontre notamment un ingénieur textile, Julien Payen, afin de progresser sur la reconstruction mammaire. Si de nombreuses techniques existent déjà dans le domaine, aucune n’est totalement aboutie : soit on pose un corps étranger – une prothèse en silicone –, soit on transfère du tissu de la patiente, mais en plusieurs interventions lourdes et répétitives. « Nous avons cherché à apporter de manière simple, en une seule fois, sans corps étranger, un volume suffisant de tissu graisseux », explique le chirurgien. La création s’appelle Mat(t)isse. Une coque imprimée en 3D, constituée d’un matériau résorbable, forme un bio-incubateur. On y place une petite quantité de tissu adipeux : celui-ci va grossir pour remplir finalement la cage qui, elle, disparaîtra au bout de six mois. Clin d’œil régional, renouveau d’un métier ancestral, c’est une dentelle de Calais qui sert de socle à la coque, son maillage désordonné permettant une meilleure accroche des cellules.

« On travaille désormais avec des chimistes, des ingénieurs et même des designers »

Avant sa commercialisation par l’intermédiaire de la start-up Lattice Medical, Mat(t)isse nécessite encore une année d’expérimentation animale, avant un essai clinique. « On travaille désormais avec des chimistes, des ingénieurs et même des designers. On ne peut réussir qu’en créant localement des synergies », souligne Pierre Guerreschi, qui se dit incapable d’innover sans transversalité. « Contrairement à un chirurgien cardiaque qui n’opère que le cœur, nous n’avons pas d’organe à nous”. »L’artisan de 39 ans poursuit donc son cousu main arachnéen. Il travaille notamment avec ses collègues ORL pour transposer la technique de la reconstruction du sein à la membrane du tympan et au pavillon de l’oreille.

Participez à « O21 / S’orienter au 21e siècle »

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions lors du choix des études supérieures, Le Monde organise la seconde saison d’« O21 / S’orienter au 21e siècle », avec cinq dates : après Nancy (vendredi 1er et samedi 2 décembre 2017, au centre Prouvé), rendez-vous à Lille (vendredi 19 et samedi 20 janvier 2018, à Lilliad), à Nantes (vendredi 16 et samedi 17 février 2018, à la Cité des congrès), à Cenon, près de Bordeaux (vendredi 2 et samedi 3 mars 2018, au Rocher de Palmer) et à Paris (samedi 17 et dimanche 18 mars 2018, à la Cité des sciences et de l’industrie).

Dans chaque ville, les conférences permettront au public de bénéficier des analyses et des conseils, en vidéo, d’acteurs et d’experts, et d’écouter et d’échanger avec des acteurs locaux innovants : responsables d’établissements d’universités et de grandes écoles, chefs d’entreprises et de start-up, jeunes diplômés, etc. Des ateliers sont aussi prévus.

Il reste des places pour participer à O21 Lille ! Pour toutes les villes, les inscriptions se font gratuitement via ce lien.

En images : les temps forts d’O21, nos conférences pour s’orienter au 21e siècle, à Nancy

Pour inscrire un groupe de participants, merci d’envoyer un e-mail à education-O21@lemonde.fr. L’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les lycées peuvent organiser la venue de leurs élèves durant le temps scolaire.