Dans le quartier d’affaires de la Défense, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), en octobre 2017. / LUDOVIC MARIN / AFP

Exigence salariale des candidats, hausse prévue par les entreprises, impact de la numérisation sur les tendances du marché de l’emploi des cadres… L’étude Salary Survey 2018 Europe, du cabinet de recrutement international Robert Walters, publiée mercredi 17 janvier, dresse un large panorama, par secteur professionnel : comptabilité, banques, conseil, immobilier, ingénierie, juridique, technologies de l’information, ressources humaines et commerce. Autant de domaines marqués en France par le retour de l’optimisme.

Sans surprise, tous secteurs confondus, l’expertise numérique est très recherchée par les entreprises dans le monde. En 2017, la cybersécurité et les fintech ont connu une forte croissance. Les start-up de technologie ont été des recruteurs actifs au Royaume-Uni et en Californie, en concurrence avec les grands groupes. Le secteur bancaire, quant à lui, a bénéficié d’une dynamique de recrutement pour répondre aux enjeux de réglementation et de conformité.

Dans l’Hexagone, plus d’un quart des cadres (28 %) attendent une augmentation de plus de 7 % cette année

Cette 19e édition de l’étude annuelle de Robert Walters est la synthèse de près de 500 000 entretiens de cadres dans le monde, dont 50 000 rien qu’en France. A chaque entretien mené entre janvier et décembre 2017 par le cabinet, les consultants ont interrogé les candidats sur leur salaire et le montant auquel ils accepteraient de changer de poste. « Notre étude montre que les cadres des entreprises privées sont à l’écoute du marché de l’emploi », précise Antoine Morgaut, président Europe & Amérique latine de Robert Walters.

Avec l’amélioration du marché du travail, les exigences salariales sont en forte hausse. En France, tous secteurs confondus, les cadres comptent sur des augmentations de 7 % à 15 %. Plus d’un quart des cadres (28 %) attendent une augmentation de plus de 7 % en 2018. Dans la banque et l’assurance, les prétentions des candidats oscillent entre 4 % et 6 %. L’année 2017 a été placée sous le signe de la reprise dans les assurances, avec une vague de recrutements pour des fonctions commerciales expérimentées.

Au sein des cabinets de conseil, les besoins de recrutement liés entre autres à la transformation numérique des entreprises sont sans précédent. Ainsi, 42 % des candidats sont en veille active et attendent des rémunérations en hausse de 4 % à 10 %. Dans les cabinets d’avocats, les prétentions salariales varient de 7 % à 10 %, encouragées par la forte demande de compétences en protection des données et en mise en conformité avec les demandes des régulateurs, en particulier de la part des cabinets internationaux. Les autres secteurs ne sont pas en reste.

« Climat de confiance »

Le regain d’optimisme a eu en 2017 un impact direct sur le marché des cadres : « De nombreuses entreprises se sont lancées à la conquête de nouvelles activités ou ont relancé leurs investissements. Dans ce climat de confiance, l’année a été propice à la création d’emploi », souligne l’étude. Les secteurs des technologies de l’information, de l’immobilier, de la construction, de la santé et du conseil ont été en pointe en matière de recrutement.

« Une reprise durable est amorcée et, en 2018, la croissance se poursuivra, affirme sans ambages Coralie Rachet, directrice de Robert Walters France, en préambule de l’étude. Elle prévoit « une demande toujours élevée pour les profils expérimentés sachant piloter l’innovation et la conduite du changement ». La France a rejoint en 2017 la tendance européenne, où « le marché de l’emploi a commencé à croître à nouveau après dix ans de stagnation », observe Giles Daubeney, directeur général adjoint de Robert Walters.

Dans la plupart des pays de l’Union européenne, les taux d’emploi amorcent leur reprise depuis 2013 et les taux de chômage poursuivent leur baisse. « 2018 sera une nouvelle année forte pour l’Europe, assure Antoine Morgaut. Les augmentations salariales des cadres en 2018, en moyenne des secteurs, devraient finalement tourner autour de 5 % », anticipe-t-il.

Cependant, les employeurs doivent être conscients que « le salaire seul n’attirera pas les candidats les plus recherchés, de plus en plus motivés par l’équilibre vie privée-vie professionnelle, la progression de carrière et la souplesse dans l’organisation de leur travail », assure M. Daubeney.

Les interviews des candidats révèlent en effet que leur première motivation pour changer de fonctions est l’intérêt du poste (70 %), la deuxième étant l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle (56 %).