Documentaire sur France 5 à 20 h 55

[EXTRAIT 1] Le monde en face, La vie après le suicide d'un proche - 17/01/2018
Durée : 00:47

Tout le monde l’appelait « Titi ». « C’était ma grande sœur », dit la réalisatrice du documentaire, Katia Chapoutier, dans l’un des rares moments de voix off du film. Sa sœur s’est suicidée en 2006, à l’âge de 46 ans. Depuis, elle tente de comprendre pourquoi cette docteure bonne vivante a décidé de mettre fin à ses jours, laissant notamment derrière elle cinq enfants.

Après le suicide, il y a ceux qui restent. Selon une étude menée par l’Observatoire national du suicide (ONS), chaque décès touche, directement ou indirectement, vingt-six personnes, soit 300 000 chaque année. Pour la plupart, des proches endeuillés qui tentent de se reconstruire malgré la douleur, et auxquelles Katia Chapoutier a d’abord consacré un livre, La Vie après le suicide d’un proche (Le Passeur, 2017) avant ce documentaire. Soit un travail qui s’est ­appuyé sur dix ans d’enquête et de rencontres pour tenter d’obtenir une réponse à cette seule question : comment retrouver le goût de la vie après une telle épreuve ?

« La Vie après le suicide d’un proche », de Katia Chapoutier (sur France 5).

A la manière d’une bande de ­copains qui se seraient réunis le temps d’un week-end, Anne-Cécile, Elisabeth, Eric, Paul, et les autres, sont là pour partager leur expérience. Car s’ils ont en commun le même drame, ces hommes et ces femmes ont éprouvé des sentiments et des émotions propres, singulières, différentes les uns des autres. Chacun a dû surmonter la culpabilité, la colère, la honte, le déni, pour ­tenter de faire, comme on dit, son travail de deuil.

Paul et Elisabeth ont perdu leur fille Camille qui, à l’âge de 15 ans, s’est pendue dans l’armoire de sa chambre. « A ce moment-là, tout a basculé », témoignent ses parents. Pour Arié et Simat, le suicide de Yoël a mis fin à une année d’angoisse, à le surveiller, le jeune garçon ayant toujours confié qu’il se donnerait la mort. Ce n’est pas pour autant que la reconstruction est plus aisée. Ni pour la mère ni pour le beau-père de Yoël. Le suicide évoqué à travers ceux qui y ont été confrontés, et qui parviennent à en parler sans tabou : telle est la démarche qu’a choisie Katia Chapoutier. Les paroles qui se ­succèdent créent un long dialogue qui, à la façon d’une thérapie, s’arrête sur chacune des étapes du deuil, jusqu’à ce point perceptible où la fin du tunnel apparaît.

La Vie après le suicide d’un proche, de Katia Chapoutier (Fr., 2017, 70 min).