Le ministre de l’écologie, Nicolas Hulot, mercredi 17 janvier. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Nicolas Hulot a remporté un succès politique majeur avec l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, bien qu’il s’en défende et fasse profil bas. Dans un entretien au Parisien paru jeudi 18 janvier, le ministre de la transition écologique et solidaire assure que ce n’est « la victoire de personne aujourd’hui » et qu’il aurait préféré « qu’une solution qui fasse un large consensus se dégage d’elle-même ». « Je n’ai pas fait reculer Edouard Philippe », a-t-il martelé le même jour au micro de RTL.

Le ministre, qui nie catégoriquement avoir conditionné son maintien dans le gouvernement à l’abandon du projet, assure « s’être effacé » et « en aucun cas avoir fait pression » sur la décision du premier ministre, qui n’était « pas évidente ». Il avoue même avoir eu quelques doutes en écoutant les arguments des élus favorables à Notre-Dame-des-Landes, notamment sur le déni démocratique – en juin 2016, les électeurs de Loire-Atlantique s’étaient prononcés à 55 % pour le projet de transfert.

« Soulagement »

Reste qu’il reconnaît « ressentir du soulagement ». « C’est la moins mauvaise des solutions qui a été retenue, assure au Parisien celui qui a toujours été opposé au nouvel aéroport. Ce projet, conçu au milieu du XXe siècle pour accueillir le Concorde, n’était plus en phase avec les enjeux écologiques du XXIe siècle, ni avec les besoins du territoire, qui sont réels. »

Comme le premier ministre mercredi, Nicolas Hulot a redit que « ceux qui occupent illégalement » la ZAD, environ 300 personnes, devront partir d’ici au printemps et rendre le réseau routier de nouveau accessible « dans un délai de quelques jours ». Il appelle par ailleurs à l’apaisement : « S’il n’y a pas de provocation sur place, si tout le monde respecte la loi, je ne vois pas pourquoi il y aurait un recours à la force. » « Mais l’Etat ne tolérera aucune exaction ni aucune forme de pression », prévient-il.

Le ministre juge enfin qu’« il a des leçons à tirer » de cette affaire. « On ne peut plus laisser s’enliser des dossiers contestés pendant des décennies », assure-t-il, remettant sur la table le chantier d’une nouvelle démocratie participative, déjà ouvert par François Hollande après la mort du manifestant Rémi Fraisse à Sivens fin 2014 : « A l’avenir, les élus locaux devront écouter davantage les critiques et les oppositions et ne pas proposer à leurs administrés un projet déjà ficelé à l’avance comme cela pourrait être le cas dans d’autres projets en France. »