En réponse à la longue saga qui a mené à la réautorisation du glyphosate, herbicide controversé, à quelques jours de l’expiration de sa licence, le Parlement européen a décidé, jeudi 18 janvier, de créer une « commission spéciale sur la procédure d’autorisation des pesticides » dans l’Union européenne.

La commission sera chargée de déterminer notamment s’il y a eu des failles dans le long processus, de plus de deux ans, qui a mené à la réautorisation fin novembre du glyphosate pour cinq ans, et de « jeter les bases de nouvelles pratiques garantissant transparence et indépendance du processus décisionnel de l’Union », se sont félicités les eurodéputés socialistes Eric Andrieu et Marc Tarabella. « L’affaire du glyphosate a agi comme un révélateur des défaillances structurelles de la Commission européenne », ont-il estimé dans un communiqué.

Alors que la polémique a été alimentée par des accusations d’ingérence du géant américain de l’agrochimie Monsanto dans le débat, la commission parlementaire s’attachera à « analyser et évaluer les conflits d’intérêts éventuels à tous les niveaux », selon le projet de mandat vu par l’AFP.

Le mandat de la commission spéciale, approuvé lors d’une réunion entre les présidents des groupes politiques représentés dans l’hémicycle et le président du Parlement, devra encore recevoir l’aval de l’assemblée réunie en plénière, à une date ultérieure, ont annoncé plusieurs groupes politiques.

« Faire toute la lumière sur les dysfonctionnements »

La France a décidé en novembre 2017 d’interdire le recours au glyphosate d’ici à trois ans, après que les États membres de l’UE eurent voté une prolongation de cinq ans de son autorisation. D’une manière générale, c’est tout le processus d’autorisation des produits phytosanitaires qui doit être passé au crible : le rôle de la Commission européenne, les avis scientifiques et l’indépendance du processus par rapport à l’industrie.

La commission spéciale se penchera également sur la situation des agences scientifiques de l’UE, à qui les opposants au glyphosate ont reproché de trop s’appuyer sur des données fournies par l’industrie, par manque de moyens et de personnel. « On se rend bien compte qu’il y a un problème dans les procédures européennes qui ont été mises en place. Cette commission spéciale va nous permettre de faire toute la lumière sur les dysfonctionnements qui jalonnent les processus d’évaluation et d’autorisation des pesticides à travers le cas du glyphosate », a réagi l’élue des Verts Michèle Rivasi.

La commission spéciale sera composée de trente membres et travaillera durant neuf mois pour rendre son rapport en décembre, accompagné de recommandations.

En quoi le glyphosate pose-t-il problème ?
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