Sandra Muller, lors d’une interview à l’Agence France-Presse, le 18 janvier 2018. / ANGELA WEISS / AFP

La journaliste Sandra Muller, qui a créé le mot-clé #Balancetonporc en réaction au scandale Weinstein, est poursuivie en diffamation par l’homme qu’elle a accusé nommément sur Twitter, a-t-elle annoncé jeudi 18 janvier.

Eric Brion, dont elle a dévoilé le nom dans un tweet le 13 octobre, lui réclame 50 000 euros de dommages et intérêts, des publications judiciaires et 10 000 euros de frais d’avocat.

Changement de stratégie

Sur sa page Facebook, la journaliste, qui vit aux Etats-Unis, écrit : « Eric Brion que je nomme comme l’auteur des propos dégradants dont j’ai fait l’objet […] a finalement changé de stratégie et a décidé, contre toute décence, de m’amener devant les tribunaux ». Eric Brion est consultant et ancien directeur général de la chaîne de télévision Equidia.

Contacté par l’Agence France-Presse, l’avocat de Mme Muller, Alexis Guedj, a dit qu’il s’agissait d’une assignation au fond devant le tribunal de grande instance de Paris, qui a été délivrée le 10 janvier. Soit « trois jours » avant l’expiration du délai de trois mois pour attaquer en diffamation le tweet incriminé, a-t-il ajouté.

Refuser « l’amalgame »

Dans une tribune au Monde le 31 décembre, Eric Brion avait reconnu avoir « effectivement tenu des propos déplacés envers Sandra Muller, lors d’un cocktail arrosé très tard dans une soirée, mais à une seule reprise ». Il écrivait également qu’il réclamait « le droit à la vérité et à la nuance », et disait « réitérer ses excuses » à Mme Muller.

M. Brion disait néanmoins refuser « l’amalgame » entre son « comportement et l’affaire concernant Harvey Weinstein, accusé de viols et de harcèlement sexuel par plusieurs femmes ».

Sandra Muller avait été désignée « briseuse de silence » par le magazine Time, qui avait consacré sa couverture des « personnalités de l’année » 2017, aux femmes à l’origine du mouvement #Metoo et des révélations de violences sexuelles, notamment dans le milieu du cinéma.