Ils étaient quelques centaines à protester, vendredi 19 janvier, dans leur pays d’accueil, le Bangladesh, contre le programme entendant les faire retourner en Birmanie voisine, pays qu’ils ont fui en masse l’année dernière. Les Rohingya ont chanté des slogans et arboré des banderoles demandant la citoyenneté birmane et des garanties de sécurité avant d’envisager retourner dans l’Etat Rakhine, situé dans l’ouest de la Birmanie.

Près d’un million de musulmans rohingya se trouvent actuellement dans de gigantesques camps de réfugiés du sud du Bangladesh. Environ 655 000 d’entre eux ont fui la Birmanie depuis la fin d’août pour échapper à une campagne militaire considérée par les Nations unies comme une épuration ethnique.

Dacca et Naypyidaw sont convenus d’un cadre pour permettre le retour au cours des deux prochaines années de Rohingya arrivés au Bangladesh depuis octobre 2016, ce qui concerne potentiellement 750 000 personnes. Ce processus pourrait démarrer en début de semaine prochaine. Un programme de retour considéré avec circonspection par les experts et les ONG qui estiment que les conditions ne sont pas réunies pour une résolution des tensions au Rakhine et demandent que les rapatriements s’effectuent uniquement sur la base du volontariat.

« Nous voulons des zones tampons »

« Nous voulons des zones tampons dans l’Arakan (autre nom du Rakhine, ndlr) avant les rapatriements », a déclaré Mohibullah, un manifestant, joint par téléphone dans le district de Cox’s Bazar. « Nous voulons une force de maintien de la paix de l’ONU en Arakan. Nous voulons des droits fondamentaux et la citoyenneté. Nous ne voulons pas de rapatriement sans garantie de vie », a-t-il ajouté.

Plus grande population apatride du monde depuis qu’ils ont été privés de la nationalité birmane en 1982, sous le régime militaire, les Rohingya sont victimes de discriminations dans la Birmanie à plus de 90 % bouddhiste qui les considère comme des étrangers. Nombre de réfugiés au Bangladesh ont déclaré qu’ils ne comptaient pas en l’état revenir en Birmanie, qu’ils ont fuie, emportant avec eux des récits de massacres, viols collectifs et incendies de villages.