• Franco Fagioli
    Haendel Arias
    Extraits d’Oreste, Serse, Rinaldo, Imeneo, Il pastor fido, Rodelinda, regina de’ Longobardi, Giulio Cesare in Egitto, Ariodante, Partenope
    Franco Fagioli (contre-ténor), Il Pomo d’Oro, Zefira Valova (violon et direction).

Pochette de l’album « Haendel Arias », de Franco Fagiogli. / DEUTSCHE GRAMMOPHON/UNIVERSAL MUSIC

En devenant le premier contreténor à signer avec le label Deutsche Grammophon, Franco Fagioli est entré dans l’histoire. Il y restera avec ce nouveau récital consacré à Haendel, où le gosier véloce du roi de la vocalise sur trois octaves ne le cède en rien à l’interprète féru d’une musicalité embrassant avec le même bonheur tous les registres expressifs. Pas moins de neuf opéras en italien sont ici abordés par l’Argentin, avec la complicité de l’ensemble Il Pomo d’Oro, dirigé par la violoniste Zefira Valova. Entre virtuosité fiévreuse (Agitato da fiere tempeste d’Oreste) et sereine élégie (le Serse du fameux Ombra mai fu), Fagioli déploie un art qui force l’admiration : une incroyable longueur de souffle, une richesse exceptionnelle du legato, une palette étourdissante de couleurs et de nuances, sans oublier la maîtrise virtuose des ornements comme dans le « Cara sposa, amante cara » de Rinaldo. Le « Broadway baroque » de Haendel – Fagioli dixit – a trouvé son Fred Astaire vocal. Marie-Aude Roux

1 CD Deutsche Grammophon/Universal Music.

  • David Lively
    I Got Rhythm

Pochette de l’album « I Got Rhythm », de David Lively. / LA MUSICA/HARMONIA MUNDI

Avec ce programme époustouflant, David Lively – pianiste français d’origine américaine – semble réaliser, à 68 ans, un rêve de gosse, consistant moins à honorer ses ancêtres qu’à enchaîner sans modération les plaisirs d’un interprète surdoué. 28 pièces made in USA, 28 états de la musique – souvent d’essence populaire – fédérés par le rythme. Pas d’antagonisme Nord-Sud dans cette géographie étoilée mais une polarité ragtime-blues investie par des compositeurs tels que Scott Joplin, Aaron Copland, Samuel Barber ou William Bolcom. Une touche latino aussi, avec Louis Moreau Gottschalk (Souvenir de Porto Rico), et une adrénaline de base-ball avec Charles Ives (Some Southpaw Pitching). Si la colonne vertébrale de cet « Homo americanus » est figurée par une douzaine de mélodies signées George Gershwin (dont celle qui fournit le titre de l’album), sa nature d’Iron Man est attestée par les exigences virtuoses de William Albright (Hoedown) et d’Elliott Carter (Caténaires). Pierre Gervasoni

1 CD La Musica/Harmonia Mundi.

  • Chick Corea & Steve Gadd Band
    Chinese Butterfly

Pochette de l’album « Chinese Butterfly », du Chick Corea & Steve Gadd Band. / CONCORD MUSIC GROUP/UNIVERSAL MUSIC

Au début des années 1970, le batteur Steve Gadd avait fait partie, brièvement, du groupe Return To Forever, mené par le claviériste Chick Corea. La formation était alors dans une période de fusion du jazz et du rock avec un apport des musiques brésiliennes, avant que l’emphase virtuose ne prenne le pas avec Al di Meola à la guitare, Stanley Clarke à la basse et Lenny White à la batterie. Corea et Gadd se sont depuis retrouvés à diverses occasions. Les voici à nouveau ensemble, avec Chinese Butterfly, double album qui pourrait rappeler ce premier Return To Forever, léger, mélodique, sans trop d’envols virevoltants et pyrotechnies musicales. Avec eux, le guitariste et chanteur Lionel Loueke, le saxophoniste et flûtiste Steve Wilson, le bassiste Carlitos del Puerto et le percussionniste Luisito Quintero. Trois longs thèmes, sur le deuxième CD, abordent des envies d’improvisations plus marquées. L’ensemble, par la fluidité des développements, son alliance d’acoustique et d’électrique, est des plus réussis. Sylvain Siclier

2 CD Concord Music Group/Universal Music.

  • L’Alba
    A Parulluccia

Pochette de l’album «  A Parulluccia », de L’Alba. / L’ALBA/MA CASE/ABSILONE

Du chant corse. A voix nue (parfois) ou drapé de couleurs instrumentales (cordes et vents). Collectif de la Balagne (Haute-Corse), créé en 2004, L’Alba avait enregistré deux albums, sans les commercialiser, avant celui-ci, dans lequel il invite la chanteuse italienne Enza Pagliara (de l’ensemble féminin Assurd). Au-delà de la qualité vocale et de la finesse des arrangements, on appréciera également la diversité des inspirations de ces musiciens chanteurs, grâce à la traduction des chansons, disponible sur le site du groupe L-alba.com. Entre une lumineuse paghjella, quintessence de la polyphonie corse, et une ballade mélancolique (Sappra Fatellu) soulignée d’un trait d’accordéon romantique (le musicien malgache Régis Gizavo, mort en juillet 2017), l’Alba glisse un souffle d’érotisme (Dolce senu) : « Si doux ce sein, doux comme un rêve/Que ce matin ma main délicatement caresse/Car ta beauté s’est enfin donnée/A mon désir ardent de tes courbes »). Patrick Labesse

1 CD L’Alba/Ma Case/Absilone.