Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, en janvier 2015. / ERIC PIERMONT / AFP

Après des mois de valse-hésitation, l’Etat a finalement annoncé officiellement sa position : Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, n’occupera pas la fonction de présidente du groupe. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, l’a confirmé dimanche sur BFM TV, après la publication d’informations allant dans ce sens dans le Journal du Dimanche.

Pour comprendre cette décision, il faut remonter à l’arrivée au poste de directrice générale d’Isabelle Kocher en 2016. A l’époque Gérard Mestrallet, patron du groupe et artisan de la fusion GDF Suez, pousse cette normalienne, ingénieure des mines, à la tête du groupe, avec la volonté affichée de lui laisser les rênes à son départ, au printemps 2018.

Climat électrique

Mais les relations entre les deux dirigeants se tendent rapidement. Isabelle Kocher engage l’ancien géant gazier dans une transition à marche rapide : elle transforme les instances dirigeantes, vend pour 15 milliards d’actifs et engage Engie à devenir d’abord un groupe de services énergétiques, tourné vers le numérique et les énergies renouvelables. Une orientation qui n’est pas toujours populaire en interne, notamment auprès des anciens de Gaz de France, qui lui reprochent d’abandonner les métiers du gaz, pourtant au cœur du modèle économique du groupe.

Depuis plusieurs semaines, Gérard Mestrallet et ses proches ne cachent pas leur volonté de voir Isabelle Kocher chaperonnée par un président.

Macron tranchera sur le nom

« Il se trouve que le conseil d’administration d’Engie a décidé de dissocier les fonctions de président du conseil d’administration (de celle) de directeur général, respectons les choix de la gouvernance », a fait savoir dimanche le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Il a affirmé que la dirigeante avait fait un « très bon travail à la tête d’Engie » et avait « la confiance de l’Etat ».

Dimanche, la dirigeante d’Engie a pris acte de cette dissociation : « Si un président nous rejoint et que, parce qu’il est complémentaire, parce qu’il est convaincu du projet, il nous aide à l’accélérer, je suis ravie, » a-t-elle déclaré au Grand Rendez-vous, sur CNews et Europe 1. Elle a également salué le travail de Gérard Mestrallet à la tête du groupe.

En interne les choses sont un peu plus complexes : l’Etat est actionnaire d’Engie à 24 % et compte cinq membres sur 19 au conseil d’administration. Selon plusieurs sources proches du dossier, la décision sur la succession de Gérard Mestrallet sera prise par Emmanuel Macron, et l’orientation donnée par l’exécutif devrait être suivie sans difficulté par les autres membres du conseil.