La Turquie a déclenché « l’opération Rameau » pour établir « une zone de sécurité » d’une trentaine de kilomètres sur la frontière entre la Turquie et la Syrie. / Lefteris Pitarakis / AP

La bataille d’Afrin, enclave kurde située au nord de la Syrie, a débuté. Le premier ministre de la Turquie, Binali Yildirim a annoncé dimanche 21 janvier que des soldats turcs ont pénétré dans cette zone contrôlée par les kurdes du Parti de l’Union démocratique (PYD). Cette milice, qui est majoritaire dans l’alliance entre combattants kurdes et syriens des Forces démocratiques syriennes (FDS), est considérée comme « terroriste » par Ankara.

La Turquie les considère en effet comme l’extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation politco-militaire autonomiste et révolutionnaire qui lui livre une guerre de guérilla depuis 1984 dans le sud-est de la Turquie.

« L’opération Rameau d’olivier se déroule comme prévu, l’offensive terrestre a commencé », a affirmé l’armée turque dans un communiqué dimanche. M. Yildirim a fait savoir que l’objectif de l’opération était d’établir une « zone de sécurité » d’une profondeur de 30 km à partir de la frontière entre la Turquie et la Syrie.

Selon l’agence de presse étatique Anadolu, les soldats turcs progressent dans la région d’Afrin en compagnie de combattants syriens formés par le régime turc. Ni le nombre de combattants ni leurs objectifs n’étaient connus dans l’immédiat.

Crise entre la Turquie et les Etats-Unis

La veille, samedi, l’armée turque avait lancé une vaste opération dans cette région frontalière avec la Syrie multipliant les raids aériens et les bombardements d’artillerie contre les positions des FDS.

Bête noire d’Ankara, les FDS sont un partenaire essentiel de la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI) emmenée par Washington. La coopération militaire étroite entre la coalition et les actuelles FDS contre les djihadistes a débuté lors du siège de la ville de Kobané, alors que leur précédente incarnation n’était qu’une force kurde locale.

Elle s’est traduite par d’importants gains territoriaux dans tout le nord-est de la Syrie et par la prise de Rakka, la capitale de l’EI, en octobre 2017. Aujourd’hui les FDS, de plus en plus nombreuses, mieux armées et structurées, contrôlent une vaste zone correspondant grossièrement à la rive droite de l’Euphrate et continuent d’affronter les djihadistes dans l’est du pays.

Jeudi, l’annonce, démentie depuis par un responsable américain, de la création d’une « force frontalière » de 30 000 hommes issue des FDS et soutenue par la coalition, a déclenché une crise entre Ankara et Washington, dont l’opération Rameau est un des prolongements.