Des surveillants pénitentiaires se mobilisent devant la prison des Baumettes, à Marseille. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Ce qu’il faut retenir

  • Faute d’accord entre les syndicats de personnels pénitentiaires et le ministère de la justice, les négociations se poursuivront mardi, neuf jours après le début du mouvement des surveillants ;
  • Les syndicats de surveillants de prison, UFAP-UNSA Justice, CGT-Pénitentiaire et FO-Pénitentiaire, appellent à poursuivre les blocages des établissements pénitentiaires partout en France ;
  • Entre 120 et 130 prisons, sur les 188 du pays où travaillent 28 000 surveillants, se sont mobilisées lundi, même si une minorité d’entre elles ont été totalement bloquées.

Le contexte

C’est l’attaque de trois surveillants par un détenu islamiste à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 11 janvier, qui a mis le feu aux poudres et lancé le début de la mobilisation nationale des gardiens de prison, qui dure depuis huit jours.

Une série d’agressions dans plusieurs établissements du pays a ravivé leur sentiment de ras-le-bol quant à une profession qu’ils jugent dangereuse, mal payée et mal considérée.

Un premier accord rejeté

Samedi, les syndicats avaient unanimement rejeté un projet d’accord soumis par le gouvernement, jugeant notamment insuffisante la proposition de 1 100 créations de postes sur quatre ans.

Ce projet d’accord prévoyait notamment :

  • la création de 1 100 emplois de surveillants sur quatre ans, « dont une première tranche de 100 emplois dès 2018 » ;
  • des mesures pour améliorer la sécurité des gardiens ;
  • un régime de détention spécifique pour les « détenus terroristes et radicalisés ».

De telles créations de postes, « c’est déjà un effort conséquent », a estimé Nicole Belloubet lundi, lors d’une réunion avec les syndicats, se disant « pas certaine de pouvoir faire un effort plus considérable »

La question indemnitaire

Les négociations doivent se poursuivre mardi et porteront sur :

  • les créations d’emplois ;
  • la sécurité des personnels ;
  • mais aussi « la question indemnitaire », revendication des syndicats qui n’avait pas été abordée lors des précédentes réunions.

Mme Belloubet a toutefois précisé, lundi, que « l’indemnitaire n’est pas le changement de statut ». « Il y a plusieurs pistes envisageables », a-t-elle poursuivi. Afin de revaloriser le métier d’agents de l’administration pénitentiaire, FO et la CGT demandent un changement statutaire, avec le passage de la catégorie C à la catégorie B. L’UFAP privilégie, elle, une hausse des indemnités, notamment des primes de nuit ou de pénibilité.

La citation

« Il est hors de question pour nous de suspendre le mouvement. »

C’est ce qu’a déclaré à la presse le secrétaire général de l’UFAP-UNSA Justice (majoritaire), Jean-François Forget, lundi au sortir de la réunion avec la garde des sceaux.

Son homologue à FO, Emmanuel Baudin, a appelé à « amplifier » le mouvement, qui est entré lundi dans sa deuxième semaine.

La photo

JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Des gardiens devant la prison des Baumettes, à Marseille, le 22 janvier, au huitième jour d’une mobilisation ayant pris une ampleur nationale.

Pour aller plus loin

Sous-effectifs, violence, insécurité, incivilités… Plusieurs surveillants de prisons racontent au « Monde » leurs conditions de travail.

L’ampleur du mouvement de blocage des établissements pénitentiaires traduit le mécontentement de personnels en manque de considération. Un paradoxe alors que, d’un strict point de vue social, la situation s’est améliorée. L’analyse de notre journaliste Jean-Baptiste Jacquin.

Cette crise est loin d’être une première : en mai 2009, les représentants syndicaux des surveillants étaient reçus par Rachida Dati, à la suite de nombreux blocages de prisons. En octobre 2015, c’est au tour du président François Hollande de venir à la table des négociations. Les Décodeurs reviennent sur une crise des prisons françaises qui perdure.