L’ex-chef de guerre anti-balaka Rodrigue Ngaibona, arrêté en 2015 en République centrafricaine (RCA), a été condamné lundi 22 janvier aux travaux forcés à perpétuité par la Cour criminelle de Bangui. Surnommé « général Andjilo », il a été reconnu coupable des cinq chefs d’accusation - assassinat, association de malfaiteurs, vols aggravés, séquestration, détention illégale d’armes et de munitions de guerre - pour une série de crimes commis à Bangui et sur la route de Bouca (300 km au nord de Bangui) entre octobre 2014 et janvier 2015.

Rodrigue Ngaibona était l’un des principaux chefs anti-balaka à Bangui avant d’être arrêté en 2015 par l’ONU dans le nord-ouest de la RCA. Il est notamment accusé d’avoir été l’un des meneurs des miliciens qui avaient lancé les massacres de musulmans en décembre 2013 à Bangui.

« Il ne s’agit probablement que d’une première condamnation pour le Général Andjilo, l’accusation n’ayant couvert qu’une partie des crimes dont il est suspecté », a rappelé Me Mathias Morouba, président de l’Observatoire centrafricain pour les droits de l’Homme (OCDH). « Il n’est pas impossible qu’Andjilo puisse être appelé à répondre d’autres faits, qualifiables le cas échéant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, devant la Cour pénale spéciale », a-t-il ajouté. La CPS - en cours d’installation - est une juridiction spéciale composée en partie de juges internationaux et chargée, à terme, de juger les crimes les plus graves commis en RCA depuis le 1er janvier 2013.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue centrafricaine pour les droits de l’Homme (LCDH) et l’Observatoire centrafricain pour les droits de l’Homme (OCDH) se sont félicités de cette condamnation qu’elles qualifient de « premier pas décisifs en attendant le jugement d’autres chefs de guerre ». L’avocat de la défense, Me Gonenzapa, a annoncé son intention de faire appel du jugement.

Depuis un an, la République centrafricaine est de nouveau le théâtre d’un regain de violences exercées par des groupes armés. « Issus de l’ex-rébellion Séleka qui avait renversé le pouvoir en avril 2013, ou des groupes d’autodéfense anti-balaka constitués pour les combattre, ces groupes continuent de contrôler une large partie du territoire centrafricain, et de commettre des violations graves des droits humains », s’inquiète la FIDH.