Le texte est signé de grandes figures de l’art contemporain, du cinéma ou du monde politique. Dans une tribune publiée lundi 22 janvier dans Libération, de nombreuses personnalités s’opposent à l’installation à Paris d’une œuvre du plasticien Jeff Koons.

Le 21 novembre 2016, Koons a annoncé son intention d’offrir à la Ville de Paris Bouquet of Tulips, une œuvre originale et monumentale d’une dizaine de mètres de haut, censée être un « symbole du souvenir » des attentats qui endeuillèrent en novembre 2015 la capitale française.

L’œuvre en bronze, acier inoxydable et aluminium, représente une main tenant des tulipes multicolores. Elle serait « en cours de réalisation dans une usine allemande », croient savoir les signataires de la tribune.

Ces signataires, parmi lesquels le réalisateur Olivier Assayas, l’ancien ministre de la culture Frédéric Mitterrand ou l’architecte Dominique Perrault, estiment que le projet « est choquant, pour des motifs d’ordre et d’importance divers ». Ils lui font plusieurs reproches. Selon eux, Jeff Koons, 63 ans, est « devenu l’emblème d’un art industriel, spectaculaire et spéculatif » et « son atelier et ses marchands sont aujourd’hui des multinationales de l’hyperluxe ».

Manque d’élégance

L’objet même de ce cadeau est rejeté par les signataires. « Le choix de l’œuvre, et surtout de son emplacement [devant le Musée d’Art moderne et le Palais de Tokyo], sans aucun rapport avec les tragiques événements invoqués et leur localisation, apparaissent [sic] pour le moins surprenants [sic], sinon opportunistes [sic], voire cyniques [sic] », écrivent-ils.

Le fait « que cet immense artiste décide d’offrir à la Ville de Paris l’idée originale d’une œuvre monumentale, symbolisant la générosité et le partage, témoigne de l’attachement irrévocable entre notre capitale et les Etats-Unis », s’était félicité, au moment de l’annonce du cadeau, la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Ce n’est pas la première fois que l’œuvre est critiquée. Dans une tribune au Monde, Robert M. Rubin, ancien président de la Centre Pompidou Foundation, à Los Angeles, écrivait en juillet que l’artiste américain manquait d’élégance en se contentant d’offrir à la Ville de Paris le concept d’une œuvre.

Car la production de l’œuvre, évaluée à trois millions d’euros, doit être financée par le mécénat privé, avait dit la Mairie de Paris à l’époque de l’annonce. Un appel à arrêter le projet a notamment été lancé par Espace 35, collectif d’artistes de Belleville, en octobre, un peu plus tôt une pétition à l’initiative de Stéphane Corréard, directeur de la foire Galeristes avait également vu le jour.