Le pianiste Jean-Michel Pilc, le batteur Louis Moutin en concert au New Morning à Paris le 24 janvier et à l’Opéra de Lyon, le 27 janvier. / LOUIS MOUTIN /OPERA DE LYON

LES CHOIX DE LA MATINALE

Des « contes d’Hoffmann », portés par la voix de Juan Diego Florez, au concert immersif du trio rock-électro Zombie Zombie, laissez-vous guider par notre liste musicale.

UN OPÉRA : « Les Contes d’Hoffmann » d’Offenbach, avec Juan Diego Florez à l’Opéra de Monte-Carlo

Juan Diego Florez. / DR

La voix de Juan Diego Florez a longtemps eu l’éclat de la dague, alliant au fier tranchant de la lame la douceur sensuelle du coup adroitement porté. Le ténor péruvien, fréquemment comparé au Pavarotti des débuts, a longtemps fait partie de la catégorie tenorino, comme on dit à Naples en parlant des ténors lyriques légers, survolant depuis plus de vingt ans les sidérantes vocalises du bel canto rossinien. Couleur, phrasé, agilité, puissance, Florez possède tout. Les années passant n’ont rien émoussé de cette voix de soleil, si ce n’est qu’elle a osé des répertoires plus élégiaques et moins virtuoses. Ainsi le récital Mozart paru chez Sony en 2017. Cette fois, c’est dans le rôle-titre des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, dont il mettait la « Chanson de Kleinzach » au menu de ses récitals (le 12 novembre 2017 au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris), que le chanteur de 45 ans fera ses débuts du 22 au 31 janvier à l’Opéra de Monte Carlo. A coup sûr un événement. Marie-Aude Roux

« Les Contes d’Hoffmann » d’Offenbach, à l’Opéra de Monte-Carlo, place du Casino, Principauté de Monaco. Tél. : +377-98-06-28-28. Les 22, 25, 28 et 31 janvier. De 40 € à 150 €. Avec Juan Diego Florez, Olga Peretyatko, Nicolas Courjal, Paata Burchuladze, Jean-Louis Grinda (mise en scène, Chœur de l’Opéra et Orchestre philharmonique symphonique de Monte Carlo, Jacques Lacombe (direction).

UNE CHANSON : « The Deconstruction », de Eels

EELS - The Deconstruction - title track (AUDIO)
Durée : 04:11

« Parfois, il faut détruire quelque chose pour trouver de la beauté à l’intérieur », affirme le multi-instrumentiste américain E (Mark Oliver Everett), leader du groupe à géométrie variable Eels. En plus de vingt ans de carrière, ce prolifique auteur-compositeur-interprète a enregistré une bonne dizaine d’albums éclectiques (pop de chambre, rock alternatif, country-folk, électro-pop…) et traîne aussi avec lui quelques traumatisants fantômes familiaux (à lire, son émouvante autobiographie, Tais-toi ou meurs, 13e Note Editions, 2011).

Quatre ans après l’introspectif The Cautionary Tales Of Mark Oliver Everett, son nouvel album s’intitule The Deconstruction et sortira le 6 avril sur le label E Works/[PIAS]. C’est aussi la chanson-titre qui ouvrira l’album, révélée la semaine dernière. Une ambitieuse entrée en matière, en forme de pièce montée pop baroque aux arrangements de cordes luxuriants, façon Eleanor Rigby, bousculée par une rythmique aux relents soul/trip hop. Du travail d’orfèvre. Les quinze titres de The Deconstruction ont quant à eux été enregistrés avec la section de cordes The Deconstruction Orchestra & Choir et produit par E ainsi que Mickey Petralia, jadis à l’ouvrage sur l’un de ses meilleurs albums, Electro-Shock Blue (1998). Et déjà, une date programmée pour le 9 juillet à l’Olympia, à Paris. Franck Colombani

UN SPECTACLE : « La Vie en vrac », par Annick Cisaruk et David Venitucci au Connétable, à Paris, chaque lundi

Pochette de l’album « La Vie en vrac », d’Annick Cisaruk et David Venitucci, présenté en spectacle au Connétable, à Paris. / EPM/MCA-UNIVERSAL MUSIC

Au rez-de-chaussée, l’entrée de la partie bar et restaurant, puis quelques marches à descendre et nous voici sous la voûte de pierres du Connétable, lieu historique de la chanson, qui fut durant de longues années dirigé par Maurice Fanon (1929-1991) et sa compagne Françoise Wilcz. C’est là qu’une trentaine de spectateurs peuvent voir, chaque lundi, le spectacle « La Vie en vrac » de la chanteuse Annick Cisaruk et de l’accordéoniste David Venitucci. Intense et prenant.

Il s’agit d’une histoire, celle d’une jeune fille qui part de chez elle à 15 ans, découvre la grande ville, rencontre l’amour, le perd, connaît de nombreuses vies, devient toutes les femmes « à la même seconde ». Une « jeune fille au visage d’orage », venue « des vastes rivières d’Ukraine », dont la grand-mère était, peut-être, « une sorcière », qui croise des gitans, des fakirs, des saltimbanques, des « peintres hallucinés », des « poètes arrimeurs de complaintes », de dangereux amants, des fous et des cadavres. Sur la petite scène, Annick Cisaruk et David Venitucci donnent corps et âme aux textes de Yanowski, du duo Le Cirque des mirages, rassemblés dans le disque La Vie en vrac (EPM/MCA-Universal Music). Les musiques de Venitucci passent par des airs d’Europe de l’Est, des valses, du tango, du jazz, des mélancolies et des allégresses musicales, des effets sonores inventifs. Par lesquelles s’épanouit le chant, les chants, de la caresse aux emportements, de Cisaruk, autant musicienne que comédienne. Sylvain Siclier

« La Vie en vrac », d’Annick Cisaruk et David Venitucci au Connétable, angle 55, rue des Archives et 2 rue des Haudriettes, Paris 3e. Mo Rambuteau, Hôtel-de-Ville. Chaque lundi, à 20 h 30, jusqu’au 30 avril. Libre participation après le spectacle. Réservation obligatoire au 06-08-50-26-41 ou myriam.lothammer@agencepari.fr.

DEUX CONCERTS : François et Louis Moutin, Jean-Michel Pilc et Randy Brecker au New Morning, à Paris, le 24 janvier et à l’Opéra de Lyon, le 27 janvier

Le pianiste Jean-Michel Pilc, le batteur Louis Moutin, le contrebassiste François Moutin et le trompettiste Randy Brecker. / DR/OPERA-LYON.COM

Grandes soirées de jazz en perspective, au New Morning, à Paris et à l’Opéra de Lyon. A la contrebasse François Moutin et à la batterie son frère jumeau, Louis, tous deux nés le 24 décembre 1961, forment ce qu’il est d’usage d’appeler une rythmique. Entrée dans le jazz au milieu des années 1980. Fratrie oblige, peut-être, cette rythmique fait entendre au plus haut point une connivence, une complicité musicienne. Avec eux, le pianiste Jean-Michel Pilc, dont l’expressivité mélodique avance à l’occasion vers l’abstraction. Il réside depuis quelques années à Montréal, où il enseigne à l’Ecole de musique Schulich de l’Université McGill. Enfin, en plus des Moutin et Pilc, qui ont régulièrement joué ensemble, le trompettiste et bugliste Randy Brecker, longue carrière depuis la fin des années 1960, dont le phrasé véloce et la chaude sonorité se font entendre dans le jazz classique, le jazz-rock, le rock, la variété… S. Si.

New Morning, 7-9 rue des Petites-Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau. Mercredi 24 janvier, à 21 heures. 25,90 €. Opéra de Lyon, place de La Comédie, Lyon (Rhône). Mo Hôtel-de-Ville/Louis-Pradel. Tél. : 04-69-85-54-54. Samedi 27 janvier, à 20 heures. De 12 € à 24 €.

A RÉSERVER : un concert immersif de Zombie Zombie au Palais de la Porte Dorée, à Paris, le 2 février

Affiche de la soirée de Zombie Zombie au Palais de la Porte Dorée. / DR

Le temps d’un week-end, le Palais de la Porte Dorée, à quelques mètres du Bois de Vincennes, à Paris, met l’architecture à l’honneur, dans le cadre de la première édition de la manifestation « L’Envers du Décor ». Du vendredi 2 au samedi 4 février, des artistes issus de différents univers investissent cet étonnant monument art déco en proposant des installations et des performances inédites, dans le but d’établir un dialogue avec ce lieu empreint d’histoire.

Ce sera le cas notamment du trio rock électro Zombie Zombie qui y donnera un concert atypique : une expérience immersive avec le monde marin, où les épopées instrumentales d’Etienne Jaumet (saxophone et synthétiseurs vintages), Cosmic Neman (batterie) et le Docteur Schonberg (percussions) seront en symbiose avec des images filmées par la vidéaste Giulia Grossmann dans l’aquarium tropical. Le trio a déjà collaboré avec la vidéaste, notamment pour le clip du single Livity, tiré de leur dernier album du même nom, pour un voyage mystique qui invoquait les esprits de la jungle de Wat Aham, au Laos. En première partie, Jonathan Fitoussi & Clemens Hourrière, tous aussi mordus de synthétiseurs analogiques que la tête d’affiche, donneront un aperçu de leur prochain album sur le label Versatile. La soirée se poursuivra dans un esprit S-F, par un DJ set de Marion Guillet. F. C.

Palais de la Porte-Dorée, 293, avenue Daumesnil, Paris 12e. Mo Porte-Dorée. Vendredi 2 février, à 20 h 30. De 9 € à 12 €. Page Facebook de l’événement.