Pas de grand soir, mais un développement dans la continuité du travail accompli ces dernières années. Tel est le projet qu’a présenté Stéphane Richard à l’Etat afin de le convaincre de le renouveler à la tête d’Orange. Pour autant, si le PDG ne compte pas ouvrir largement les cordons de la bourse, il restera attentif à ce qui se passe en Europe.

Selon nos informations, il pourrait s’intéresser à PT Portugal, filiale d’Altice, si le groupe de Patrick Drahi la mettait en vente. Aujourd’hui, la branche portugaise de l’empire du milliardaire est valorisée un peu plus de 7 milliards d’euros, soit l’équivalent du prix déboursé par l’homme d’affaires lors de son rachat en 2014. « Les résultats ont un petit peu baissé, mais en même temps, les valorisations dans les télécoms ont légèrement progressé », justifie Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James. L’opérateur historique portugais avait généré en 2016 un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros pour un Ebidta (proche du résultat d’exploitation) de 1,1 milliard d’euros, soit une marge de 47 %. Altice a développé un important réseau de fibre optique qu’il présente comme étant le premier du pays.

Renforcer son pôle ibérique

L’acquisition éventuelle de cet actif permettrait à Orange de « renforcer son pôle dans la péninsule ibérique ». L’opérateur historique français dispose d’une belle présence en Espagne, depuis l’acquisition entre 2014 et 2015 de Jazztel pour 3,5 milliards d’euros. Orange est ainsi devenu le deuxième opérateur fixe du pays et un acteur qui compte dans le mobile. Il y génère un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros pour un Ebidta de 1,4 milliard d’euros.

Reste que pour le moment, officiellement, Patrick Drahi n’a pas envie de faire maigrir son groupe. Au moment de la publication de ses résultats trimestriels, Altice, dont l’activité française souffre particulièrement, est entré dans une période de fortes turbulences, pénalisé par une dette de 50 milliards d’euros. Le cours de Bourse a plongé fin 2017 et n’est pas depuis parvenu à se redresser, malgré tous les efforts engagés.

Spéculations

Le 9 janvier, Patrick Drahi avait surtout annoncé une scission de son groupe entre la France et les Etats-Unis. Cette opération permet de préserver la branche américaine des turpitudes européennes. Mais ne règle pas le problème de fond, à savoir les difficultés commerciales de SFR. Si le titre Altice a rebondi depuis son plus bas de 6,6 euros atteint le 30 novembre, et cotait un peu plus de 9 euros le 22 janvier en fin de séance, il reste loin des 23 euros de juin 2017.

C’est dans ce contexte que le groupe de M. Drahi continue de faire l’objet de toutes les spéculations. D’autant que non content d’avoir séparé son activité américaine, l’opérateur a également créé de toutes pièces une filiale consacrée à la télévision payante, ouvrant la voie à une consolidation. « BeInSport et Altice Pay TV vont fusionner », parie un analyste. En privé, Alain Weill disait récemment croire à une consolidation du secteur, le marché pouvant difficilement tenir avec trois acteurs, Canal+, BeInSport et Altice. Mais le nouveau patron de SFR s’abstenait toutefois de préciser quelle forme prendrait l’opération.