Combien le patrimoine des « huiles » rassemblées au Forum économique mondial de Davos (Suisse), du 23 au 26 janvier, pèse-t-il face au reste de la planète ? La réponse ne figure pas en l’état dans le rapport publié lundi 22 janvier par Oxfam et consacré aux inégalités de richesses. Mais c’est bien le prétexte de cette réunion des élites internationales qui pousse l’ONG britannique à tirer le signal d’alarme, à grand renfort de calculs édifiants.

Croisant des données issues de sources multiples (Forbes, Credit Suisse, Banque mondiale…) et de ses propres enquêtes sur le terrain, Oxfam s’indigne que « 82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière [aient] bénéficié aux 1 % les plus riches, alors que la situation n’a pas évolué pour les 50 % les plus pauvres ».

Certes, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a été divisé par deux en vingt ans (entre 1990 et 2010). Mais « si les inégalités n’avaient pas augmenté parallèlement sur la même période, 200 millions de personnes supplémentaires auraient pu sortir de la pauvreté », est-il écrit dans le rapport.

Comparaisons très concrètes

En appui de sa démonstration, l’ONG use de comparaisons très concrètes. Ainsi, elle souligne qu’il ne faut que quatre jours au PDG de l’une des cinq premières marques mondiales du textile pour empocher ce qu’une ouvrière du secteur au Bangladesh mettra une vie entière à gagner. Aux Etats-Unis, les trois personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population : l’ancien patron de Microsoft Bill Gates, le PDG d’Amazon Jeff Bezos et l’investisseur Warren Buffett face à 160 millions de personnes…

Ces chiffres pourraient donner du grain à moudre aux participants du Forum de Davos, qui a pour thème cette année « Créer un avenir commun dans un monde fracturé ». La problématique des disparités de richesses mobilise de plus en plus l’opinion publique à l’échelle planétaire. Plus de trois quarts des répondants à un sondage mené par Oxfam dans dix pays jugent que le fossé entre riches et pauvres chez eux est trop large. Ce constat est-il partagé par le gotha mondial des affaires et de la politique ?

« Je vais à Davos chaque année pour dire et redire aux gouvernements et aux chefs d’entreprise qu’ils doivent agir contre les inégalités extrêmes, raconte l’Ougandaise Winnie Byanyima, directrice exécutive d’Oxfam International. Désormais, tous les dirigeants s’avouent préoccupés par ce problème. Mais cela se limite trop souvent à de bonnes paroles. Nous voulons des actions. »

L’ONG exhorte les Etats à actionner la fiscalité et les dépenses à des fins de redistribution. « Il faut que les gouvernements arrêtent avec les baisses d’impôt pour les plus riches », ajoute Mme Byanyima. Un « conseil » qui semble taillé sur mesure pour le principal participant à cette édition de Davos : le président des Etats-Unis Donald Trump, dont la grande réforme fiscale favorise ouvertement « le top 1 % » des Américains les plus fortunés.