Les sommes sont mirifiques et ne sont pas sans rappeler le plan « très com » d’Emmanuel Macron lors de son récent voyage en Chine. Après avoir reçu près de 140 patrons et dirigeants de multinationales du monde entier sous les ors de Versailles, le président de la République a annoncé 3,5 milliards d’euros d’investissements étrangers en France au cours des prochaines années, ce qui pourrait entraîner la création de 2 200 emplois.

Ces annonces s’apparentent à un inventaire à la Prévert. Facebook, Google, Novartis, SAP, Toyota et une myriade de sociétés plus petites (surtout dans l’agroalimentaire) ont annoncé ou officialisé leurs projets, mardi 22 janvier. De quoi « valoriser concrètement l’attractivité de la France, plusieurs mois après le lancement de transformations économiques profondes », comme l’expliquait l’Elysée mardi pour défendre son opération de communication XXL intitulée « Choose France » (« choisir la France »).

Ces chiffres démontrent surtout que l’attractivité du pays poursuit son rétablissement, déjà bien engagé depuis 2016 (avec une progression des investissements étrangers cette année-là de 30 %). Avec l’élection d’Emmanuel Macron, la dynamique semble se poursuivre.

« Dans le registre de l’emblématique »

Et c’est dans le monde des logiciels qu’on y est le plus sensible. « Son élection a montré aux entreprises internationales qu’investir en France n’était plus un gros mot, explique Marc Genevois, le patron en France de SAP. On n’aurait pas fait nos annonces récentes sous un précédent président… » Le groupe allemand a annoncé son intention d’investir environ 2 milliards d’euros dans les cinq années à venir.

Les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont aussi répondu à l’appel, sans pour autant desserrer sérieusement les liens de leur bourse.

Cette somme regroupe moult dépenses : 150 millions d’euros par an d’investissement en recherche et développement sur les cinq prochaines années (soit 750 millions), ainsi que le financement de l’accompagnement de start-up françaises, voire leur rachat, dans le domaine du cloud, de l’intelligence artificielle ou de l’Internet des objets. Environ 1 milliard d’euros doit permettre simplement de financer ses opérations hexagonales courantes au cours des cinq ans à venir. Pas franchement un investissement.

Les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont aussi répondu à l’appel, sans pour autant desserrer sérieusement les liens de leur bourse. Facebook a annoncé qu’elle allait investir 10 millions d’euros par le biais de son centre de recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle, en augmentant son nombre de chercheurs et de doctorants, et s’est engagé à former 65 000 personnes aux compétences numériques en France d’ici à fin 2019.

Comme l’Elysée l’admet : « On est dans le registre de l’emblématique. Ça envoie le signal de la compétitivité de la France sur l’intelligence artificielle et c’est fondamental dans le monde, vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Asie. »

« Signal de la compétitivité »

Même recherche du « signal » avec les annonces de Google, qui n’a pas pris la peine de donner le montant de ses futurs investissements. Le géant américain du Web va ouvrir un centre de recherche fondamentale sur l’intelligence artificielle en France, le deuxième en Europe après Zurich, ainsi que quatre espaces en région pour la formation des citoyens français « afin d’améliorer leurs compétences numériques ».

Dans les autres secteurs industriels, Novartis a confirmé vouloir investir 900 millions d’euros sur trois ans pour diverses dépenses déjà annoncées en 2015, lors d’un sommet à Matignon.

Dernier investissement marquant, celui intervenu à l’usine Toyota d’Onnaing, près de Valenciennes (Nord). Le groupe nippon a annoncé 300 millions d’euros d’investissements pour moderniser le site, en augmentant sa capacité à 300 000 véhicules, contre une jauge de 240 000 à 260 000 actuellement, et à produire deux modèles de véhicules à partir de 2021.

Attendues depuis 2014, ces décisions entraîneront la création de 700 emplois en CDI d’ici à 2020. C’est d’ailleurs à Toyota, mardi, que le président de la République a décidé de prendre un bain de foule de deux heures et demie. « Je viens saluer cette annonce, a simplement tweeté Emmanuel Macron. Je sais à qui je le dois : aux salariés qui font bien leur travail. »