Le volcan Mayon continue à éjecter des colonnes de cendres, le 24 janvier 2018. / CHARISM SAYAT / AFP

L’évacuation de milliers d’habitants se poursuit aux Philippines aux abords du Mayon, le volcan le plus actif du pays, qui est entré en éruption mardi 23 janvier et crache actuellement des fontaines de lave et d’épaisses colonnes de fumée.

L’agence volcanologique philippine avait mis en garde lundi contre une « éruption dangereuse imminente » du Mayon, deux semaines après qu’il a recommencé à gronder. L’alerte a été maintenue par les autorités à 4, un cran au-dessous du degré maximal, après cinq épisodes supplémentaires « intenses mais sporadiques » d’éjection de fontaines de lave sur une période de dix-neuf heures depuis mardi, avec des durées variant de sept minutes à plus d’une heure.

Ces fontaines, d’une hauteur de 500 à 600 mètres, ont produit des nuages de cendres de 3 à 5 km de hauteur, a précisé l’Institut philippin de vulcanologie et de sismologie.

Des flots de lave éjectés du Mayon, le 24 janvier 2018, vues de la ville voisine de Legazpi. / BULLIT MARQUEZ / AP

Plus de 60 000 habitants ont déjà fui la zone d’évacuation décrétée par les autorités autour du cratère, d’après la Croix-Rouge philippine.

Les milliers de personnes évacuées en quelques jours dans 46 camps de fortune s’entassent désormais dans des écoles et des abris bondés, où les gens dorment par terre et où un W.-C. est partagé par 50 personnes. « Le nombre d’évacués s’est gonflé depuis que la zone d’évacuation a été élargie » lundi à neuf kilomètres, a déclaré Rose Rivero, administratrice régionale de la Croix-Rouge. Selon les données de répartition géographique de la population rendues disponibles par la NASA, 600 000 personnes habitent dans les 15 kilomètres autour du cratère du Mayon, à proximité immédiate du volcan.

Les automobilistes utilisent des masques pour se protéger des cendres volcaniques tombées sur la ville de Guinobatan, le 24 janvier 2018. / BULLIT MARQUEZ / AP

Il s’agit pour la plupart de paysans et de leur famille. Ils survivent grâce aux vivres que leur fournissent les autorités et les associations. « Si on se réfère à l’histoire des éruptions du Mayon, il faudra trois ou quatre mois avant qu’ils ne puissent rentrer chez eux », a ajouté Mme Rivero.

Les écoles ont été fermées dans 17 communes des provinces d’Albay et Camarines Sur. Une cinquantaine de vols ont été annulés en raison de l’éjection des cendres volcaniques, qui sont notamment retombées sur Guinobatan, une ville de 82 000 habitants située au sud-ouest du Mayon.

Le Mayon, l’un des plus beaux et des plus actifs volcans philippins

Célèbre aux Philippines pour la quasi-perfection de son cône, ce strato-volcan (c’est-à-dire un volcan constitué grâce aux coulées de lave successives) est situé à quelque 330 km au sud-est de Manille et culmine à 2 460 mètres.

Il a connu 51 éruptions au cours des 400 dernières années, dont la dernière remonte à 2014. En 1814, plus de 1 200 personnes périrent sous des flots de lave qui avaient notamment rasé la ville de Cagsawa, à l’exception du clocher d’une église devenu une attraction touristique majeure.

Des touristes américains, européens et sud-coréens se pressaient dans la région pour admirer l’éruption, selon les hôteliers du cru.

Un habitant prend une photo du Mayon le 23 janvier 2018, depuis la ville voisine de Legazpi, alors que ce dernier entre en éruption. / BULLIT MARQUEZ / AP

« Ils veulent voir ça de plus près », a déclaré Nics Ortonio, réceptionniste à l’Oriental Hotel, un établissement quatre étoiles de Legazpi. Des aéroports de la région ont été fermés et certaines routes sont impraticables en raison de la cendre. Le port de masque et de lunettes de protection est conseillé aux habitants.

Les Philippines se situent sur la ceinture de feu du Pacifique, zone où se rencontrent des plaques tectoniques, ce qui produit une fréquente activité sismique et volcanique.

Philippines : le volcan Mayon menace d’entrer en éruption
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