L’aéroport de Roissy, Paris Charles-de-Gaulle, le 11 avril 2012. / ERIC PIERMONT / AFP

Alors que l’Etat chef de gare s’apprête à immobiliser à quai une partie du Grand Paris Express, le Charles-de-Gaulle Express, lui, est sur les rails. Les travaux « sont lancés », s’est réjoui le PDG du Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), Augustin de Romanet, lors de ses vœux, le 18 janvier.

La décision attendue du gouvernement de retarder de plusieurs années la ligne 17 du futur métro automatique du Grand Paris ne peut que relancer l’hostilité envers la liaison directe entre l’aéroport de Roissy et la gare de l’Est, qui emprunte en partie le même parcours, mais sans desservir les territoires traversés.

« Territoire des riches » et « territoire des pauvres »

« Il y a deux poids deux mesures, selon que l’on est le territoire des riches ou le territoire des pauvres, regrette le maire (PS) de Gonesse (Val-d’Oise), Jean-Pierre Blazy. C’est incroyable de privilégier les voyageurs de l’aéroport plutôt que les transports du quotidien… »

La loi de finances pour 2018, adoptée fin décembre, a acté le prêt de 1,7 milliard d’euros par l’Etat au consortium – Groupe ADP, SNCF Réseau et Caisse des dépôts (CDC) – chargé de construire cette ligne destinée aux voyageurs d’affaires et aux touristes. Le prêt doit être remboursé grâce au péage que versera le futur exploitant de la ligne et à une taxe appliquée aux passagers de l’aéroport.

Le consortium était, au départ, censé chercher ce financement auprès des banques, une solution finalement jugée trop complexe par Bercy. « Il est indispensable d’accélérer la réalisation de cette infrastructure dans la perspective des Jeux olympiques de 2024 », avait justifié le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, face aux députés, le 16 novembre 2017. Le consortium négocie désormais la convention de prêt avec Bercy et le ministère des transports.

Des craintes pour le trafic du RER

L’année 2018 sera celle des contrats et des appels d’offres. ADP, SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions, qui gèrent le chantier à travers un groupement momentané d’entreprises (GME), ont regroupé leurs équipes, environ 120 personnes, sur un plateau commun à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Candidats à l’exploitation de la ligne, Keolis et Transdev ont déposé leurs offres avant Noël – la masse de documents remplit une valise. La décision devrait intervenir au deuxième semestre. Les appels d’offres pour les travaux seront lancés dans la foulée.

La crainte des opposants : que cette liaison de 32 kilomètres, qui empruntera sur la majeure partie de son parcours les mêmes voies que la ligne K de la SNCF, également utilisées par le RER B en cas d’incident d’exploitation, ne dégrade encore le trafic du RER, déjà surchargé. Groupe ADP assure investir lourdement dans la rénovation des voies pour améliorer le trafic. Qui sera prioritaire en cas de perturbations ? Une négociation est à venir avec le syndicat des transports Ile-de-France Mobilités. « C’est l’Etat qui fixera notre objectif de performance et donc l’arbitrage avec le RER B », précise-t-on chez ADP.