Les prochains chiffres de Pôle emploi n’arriveront qu’en avril 2018. Alors qu’ils étaient jusqu’à maintenant donnés chaque mois, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) comptabilisera la moyenne de chômeurs par trimestre et non plus par mois. Le service statistique « considère que les évolutions mensuelles ne sont pas significatives, n’ont pas beaucoup de sens ».

En quoi les chiffres de Pôle emploi sont contestés ?

Les chiffres mensuels de Pôle emploi sont régulièrement remis en question. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, avait même annoncé qu’elle ne réagirait pas à l’indicateur, qui « ne reflétait pas bien », selon elle, « l’évolution du marché du travail ». En cause, des variations dont les causes, en dehors des réformes, ne sont pas bien déterminées.

« Les chiffres de Pôle emploi sont très sensibles à des règles administratives, qui changent assez régulièrement, et aux comportements des personnes – sur le fait de savoir s’il faut s’inscrire ou pas », analysait Christine Erhel, professeure au Conseil national des arts et métiers, pour Le Monde, le 2 octobre. Pour l’année 2017, par exemple, le nombre de chômeurs de catégorie A (personnes sans emploi, tenues d’accomplir des actes positifs de recherche) a baissé six fois et enregistré quatre hausses : difficile donc d’en tirer des conclusions.

Des données trimestrielles, qu’est-ce que ça va changer ?

Passer à un indicateur trimestriel devrait donc permettre de relever des tendances et de donner un peu plus de lisibilité à ces chiffres difficilement analysables.

Quelle différence avec les chiffres de l’Insee ?

Les chiffres de la Dares pour Pôle emploi seront désormais publiés au même rythme que ceux de l’Insee. Toutefois, leurs résultats resteront différents pour des raisons méthodologiques.

Alors que les chiffres de la Dares s’appuient sur le nombre d’inscrits à Pôle emploi, l’Insee se base sur les critères du Bureau international du travail (BIT). Pour être comptabilisé chômeur au sens du BIT, il faut :

  • avoir plus de 15 ans ;
  • être sans emploi au cours de la semaine de référence ;
  • avoir effectué au moins une démarche active de recherche d’emploi au cours des 4 dernières semaines ;
  • être disponible pour travailler dans les deux semaines à venir.
L’Insee interroge plus de 100 000 personnes

Et si une personne a effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours de la semaine de référence, elle n’est pas considérée au chômage. De plus, l’Insee s’appuie sur un sondage, d’un panel d’environ 108 000 personnes, pour son enquête Emploi. Cette méthode de calcul explique les différences majeures avec les chiffres de Pôle emploi et pourquoi les données de l’Insee sont plus stables.