Téléfilm sur France 2 à 20 h 55

Bande Annonce 1 "Je voulais juste rentrer chez moi"
Durée : 00:51

Un tunnel, l’ombre d’un vélo qui passe, des gamins qui lancent des cailloux du haut d’une passerelle, des rires, puis le cri strident d’une mère horrifiée. Nous sommes le 28 septembre 1986, à Montigny-lès-Metz, en Moselle, où les corps de deux enfants sont retrouvés, entre les wagons rouillés d’une vieille voie ferrée. Après avoir raconté la traque du tueur en série Guy Georges dans Flic, tout simplement (2015), Yves Rénier s’attache cette fois à un autre fait divers – l’une des erreurs judiciaires les plus emblématiques de ces dernières années : l’affaire Patrick Dils, du nom d’un homme poussé aux aveux pour un crime qu’il n’a pas commis.

Interrogatoire « à l’ancienne »

Tout commence par l’interrogatoire, éprouvant, qu’infligent deux flics de l’unité de Metz au jeune Patrick Dils, quelques mois après les faits. Il n’a alors que 16 ans. Un interrogatoire « à l’ancienne », clopes au bec, dans le clair-obscur d’une salle de commissariat que l’adolescent pourra quitter une fois livré son emploi du temps au moment du crime. A force de persuasion, les policiers poussent le craintif Patrick à avouer qu’il est le meurtrier des enfants. Dils cède parce qu’il « voulait juste rentrer chez [lui] », confiera-t-il plus tard en prison à ses parents.

Thomas Mustin incarne Patrick Dils. / FRANCE 2

Le téléfilm raconte le combat livré par Patrick Dils et ses parents, depuis son incarcération en 1987 jusqu’à son acquittement, en 2002. Quinze années durant lesquelles se dessine la trajectoire d’une famille sans histoires qui va, malgré elle, entrer dans l’Histoire. Thomas Mustin livre une remarquable interprétation de Patrick Dils, cet ado timide que l’expérience carcérale transformera en battant. Mathilde Seigner campe une mère courage touchante, sans caricature.

Un long travelling entre les wagons, des prises de vue aériennes, un plan filmé de l’intérieur d’un casque de moto ; la mise en scène d’Yves Rénier offre quelques bons moments, sans parvenir à renouveler le genre. Néanmoins, le réalisateur met au jour les zones d’ombre d’un système judiciaire et policier qui, à l’époque, ne voulait pas d’une autre affaire Grégory.

Je voulais juste rentrer chez moi, d’Yves Rénier. Avec Mathilde Seigner, Thomas Mustin, Yves Rénier (Fr., 2016, 90 min). Suivi d’un débat « Accusé à tort, faut-il avoir peur de la justice ? », animé par Julian Bugier.