Lors d’une manifestation dénonçant l’abrogation du programme DACA (Deferred action for childhood arrivals), à New York, le 22 janvier. / SPENCER PLATT / AFP

Une première ouverture sur un dossier délicat. Le président des Etats-Unis, Donald Trump a évoqué, mercredi 24 janvier, une possible naturalisation à terme des « dreamers », ces centaines de milliers d’immigrés arrivés avec leurs parents, entrés illégalement sur le sol américain, alors qu’ils étaient enfants.

« Les choses commencent à bouger. Cela va se faire, à un certain point dans l’avenir, sur une période de 10 à 12 ans », a déclaré M. Trump lors d’un échange impromptu avec des journalistes à la Maison Blanche. « Je pense que c’est une bonne chose d’avoir une incitation, pour, après un certain temps, pouvoir devenir citoyen », a-t-il poursuivi.

« Dites-leur de ne pas être inquiets »

Le président doit présenter lundi ses propositions pour, espère-t-il, mettre fin à des mois de bras de fer entre démocrates et républicains sur ce sujet sensible. La situation des « dreamers » est une source de blocage au Congrès. Au nombre de 690 000, ils sont actuellement protégés par un programme mis en place par Barack Obama, baptisé DACA (Deferred action for childhood arrivals) et qui leur permet de travailler et d’étudier aux Etats-Unis.

Donald Trump a abrogé le programme en septembre jugeant qu’il n’était pas constitutionnel et a donné jusqu’à mars au Congrès pour trouver une solution. Interrogé sur cette échéance qui inquiète ces centaines de milliers de personnes qui redoutent de se retrouver du jour au lendemain à la merci d’une expulsion, le président s’est voulu rassurant.

« Dites-leur de ne pas être inquiets. (…) Cela dépend des démocrates, mais ils ne devraient pas être inquiets. »

« Si n’y a pas de mur, il n’y a pas de DACA »

Les démocrates exigent une solution pour ces derniers et menacent, faute d’accord, de provoquer une nouvelle paralysie des administrations fédérales, comme cela s’est produit le weekend dernier. Les républicains sont globalement d’accord pour les régulariser, mais M. Trump exige en échange le vote de crédits pour ériger le mur promis à la frontière avec le Mexique.

Il a souligné mercredi qu’il estimait à 25 milliards de dollars les fonds nécessaires à ce stade pour sa construction, auxquels il faudrait ajouter 5 milliards de dollars pour le renforcement des mesures de sécurité à la frontière. « Nous voulons une véritable sécurité aux frontières », a-t-il martelé. « Si n’y a pas de mur, il n’y a pas de DACA. »

Suppression de la loterie aux cartes vertes

Autres conditions posées par la Maison Blanche pour aboutir à un accord : la fin de ce qu’elle appelle « l’immigration en chaîne » (rapprochement familial) et la suppression de la loterie annuelle de cartes vertes. « Même les démocrates savent que c’est un mauvais système », a argué M. Trump mercredi.

Le sénateur républicain Lindsey Graham, en première ligne sur le dossier, a jugé que les propos présidentiels pouvaient marquer un véritable tournant. « Avec ces déclarations, nous sommes sur la voie de régler le problème de l’immigration qui est clé pour [trouver un accord budgétaire] sur la reconstruction de notre armée ! », a-t-il tweeté.