Faculté droit et santé de l’université de Lille. / C.Stromboni / Le Monde

La modification d’une modalité d’accès aux études de médecine et autres filières de la santé ne manque jamais de provoquer des inquiétudes parmi les étudiants. Celle-ci n’échappera sans doute pas à la règle. Plusieurs universités envisagent de supprimer le redoublement en première année commune aux études de santé (Paces), dès la rentrée 2018. Parmi elles, quatre des sept universités franciliennes (Paris-Descartes, Pierre-et-Marie-Curie, Paris-Diderot, Paris-Est-Créteil), mais aussi Lille et Brest.

Ce changement, qui doit être acté dans les prochaines semaines par un arrêté du ministère, intervient dans le cadre des expérimentations dans la filière santé développées depuis 2013 : passerelles permettant d’accéder directement en deuxième année de médecine après un parcours universitaire, parcours pluridisciplinaire permettant de passer le concours de fin de Paces tout en validant une première année de licence, etc.

L’objectif de ces expérimentations est de trouver des alternatives au couperet qui intervient en fin de première année, avec un concours ultrasélectif qui écarte chaque année plus de 80 % des candidats. Un bachelier dispose d’à peine 20 % de chances de réussite en un an, et d’environ 40 % en deux ans.

Si le redoublement offre une chance supplémentaire de faire partie des heureux élus du numerus clausus, les étudiants qui échouent à la deuxième tentative « perdent », de fait, deux années. Une situation régulièrement dénoncée dans des rapports d’experts sur la filière.

Un écrit et un oral de repêchage

Dans cette nouvelle expérimentation, à laquelle les six universités devraient participer, les étudiants auraient désormais deux épreuves dans la même année pour obtenir leur sésame pour des études de médecine, pharmacie, odontologie, etc.. Environ 75 % des places du numerus clausus seraient attribuées à l’issue d’un écrit, les 25 % de places restantes étant attribuées dans un second temps à l’issue d’un oral. Les recalés auraient ensuite la possibilité de poursuivre directement une deuxième année universitaire.

Une ultime chance leur serait ouverte avec l’extension promise du nombre de places offertes dans le cadre des passerelles dites « alter-Paces ». Ces dernières permettent à des étudiants de rejoindre les études de santé à l’issue de deux ou trois années dans d’autres licences universitaires.

Le bénéfice de cette expérimentation pour les étudiants est « majeur », estime la première organisation étudiante, la FAGE, dans un communiqué publié jeudi 25 janvier. Cette Paces sans redoublement permet aux étudiants de « conserver deux chances d’accès aux études de santé, relève la fédération, tout en progressant dans leurs parcours universitaires ». Ils pourront ainsi valider leur licence en trois ans, « là où il aurait fallu entre quatre et cinq années dans d’autres universités ».

Même constat enthousiaste du côté des universités ayant choisi de participer à cette nouvelle expérimentation. « Cela ne lésera personne et ne change rien à la difficulté du concours de première année, qui ne sera ni plus dur ni plus facile, tient à rassurer Frédéric Dardel, président de l’université Paris-Descartes. En revanche, on va arrêter ce gâchis du redoublement et permettre des meilleures conditions d’études aux étudiants, qui seront ainsi moins nombreux en Paces. »

Droit à une seconde chance

Le point de vue n’est pas le même dans d’autres universités franciliennes, qui ont choisi de conserver le modèle actuel : « Nous avons préféré maintenir la possibilité pour nos étudiants d’avoir deux véritables concours, sur deux ans, confie Olivier Oudar, vice-président de la commission de la formation et de la vie universitaire à l’université Paris-XIII. Certains peuvent avoir besoin d’un peu plus de temps pour se mettre dans la dynamique de ce concours très sélectif. »

Selon lui, cette expérimentation, dès la rentrée 2018, pose un autre problème en Ile-de-France : les lycéens vont, dans le cadre de la réforme en cours des règles d’entrée à l’université, pouvoir postuler dans chacune des différentes Paces de la région, mais « sans être forcément au courant de celles qui appliquent ou non ce dispositif ».

L’UNEF, deuxième syndicat étudiant, demande, quant à lui, ni plus ni moins l’abandon de ce projet, au nom du maintien du « droit à une seconde chance » en Paces. Le syndicat plaide pour d’autres modèles d’expérimentation, mais aussi pour l’augmentation du nombre de places dans la filière et, à terme, la suppression du numerus clausus.

Reste un problème à régler, pour cette année transitoire, dans les universités qui testeront le nouveau modèle : à la prochaine rentrée, les nouveaux étudiants en Paces pourront se considérer désavantagés par rapport à leurs aînés. Ils se retrouveront en effet en concurrence avec des redoublants, alors qu’eux-mêmes n’auront pas le droit, l’année suivante, de redoubler. « Des mesures de transition sont prévues, assure-t-on au Monde du côté du ministère. Le numerus clausus de ces facultés sera augmenté. »

Posez-nous vos questions sur Parcoursup lors de notre journée spéciale, mercredi 24 janvier

Les lycéens et étudiants en réorientation ont jusqu’au 13 mars pour s’inscrire et saisir leurs vœux de première année d’études supérieures sur la plate-forme Parcoursup, qui succède à Admission post-bac (APB). Pour les aider, Le Monde Campus organise une après-midi de direct, mercredi 24 janvier après-midi, avec une série de tchats :

– « Comment fonctionne la nouvelle plate-forme et comment choisir son orientation ? », à 14 h 30 ;

– « A quoi ressemble la licence de Staps et comment y entrer désormais ? », à 15 h 30 ;

– « Tout savoir sur la prépa (et augmenter ses chances d’être pris) », à 16 h 30.

Le Monde organise par ailleurs les conférences O21/S’orienter au XIXe siècle, à Nantes (16 et 17 février), Bordeaux (2 et 3 mars) et Paris (17 et 18 mars), après celles de Nancy et Lille. A consulter également, notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB.