« L’agriculture est une des clés de notre avenir, or elle est aujourd’hui à la croisée des chemins », a déclaré le président de la République. / THIERRY ZOCCOLAN / AFP

Depuis Saint-Genès-Champanelle, commune rurale située à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 25 janvier, vouloir mobiliser les « paysans », à l’occasion de ses vœux aux agriculteurs. « L’agriculture est une des clés de notre avenir, or elle est aujourd’hui à la croisée des chemins », a déclaré le président de la République, qui a décliné les grandes orientations de son gouvernement pour cette profession qui a beaucoup souffert ces dernières années.

  • Aider la filière colza et tournesol

Après avoir souligné que la France dépendait d’importations extérieures en matières de soja non OGM, le président de la République a estimé que le pays avait besoin d’une « vraie filière protéines » d’ici « les cinq ans à venir ». Ces déclarations vont dans le sens de ce que la filière prône auprès des agriculteurs.

Aujourd’hui, l’huile issue du colza français est valorisée pour les deux tiers dans la fabrication de biocarburant et pour un tiers en alimentation. « Il nous faut aussi une vraie stratégie nationale de souveraineté alimentaire », a déclaré Emmanuel Macron.

  • Plan loup : « Trouver sa place dans les systèmes qui préexistent »

Répondant à la manifestation organisée à Saint-Genès-Champanelle pour relayer « la souffrance et la détresse des éleveurs victimes des prédations du loup », le président a assuré que « le plan loup doit être fait et pensé dans les territoires où on le décline », et que « le loup devait trouver sa place dans les systèmes qui préexistent », contrairement à ce que prônent certaines ONG.

  • Lactalis

Rebondissant sur l’actualité, le président a assuré que l’Etat ferait « toute la lumière » sur l’affaire du lait contaminé aux salmonelles de Lactalis et qu’il « n’y aura aucune tolérance de l’Etat ».

  • Négociations entre distributeurs, industriels et agriculteurs

Emmanuel Macron a également annoncé que les ministres de l’agriculture et de l’économie réuniraient la semaine prochaine distributeurs, industriels et agriculteurs pour discuter des négociations commerciales et a menacé de dénoncer ceux qui ne respecteraient pas les bonnes pratiques.

Les différents acteurs ont signé en novembre une charte de bonne conduite, censée permettre une meilleure répartition de la valeur entre les acteurs de la chaîne, en attendant le projet de loi issu des états généraux de l’agriculture, qui sera présenté mercredi au conseil des ministres.

Mais cette charte « n’est pas respectée » et « on ne peut pas avoir une grande distribution qui ne joue pas le jeu », a déclaré le président à la presse après son discours. « J’appelle les distributeurs à la responsabilité » car « on doit stopper une guerre des prix qui est délétère », a-t-il ajouté.

Les 15 articles du projet de loi prévoient, comme annoncé par le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, un relèvement du seuil de revente à perte de 10 % et un encadrement des promotions dans la grande distribution. Autre mesure phare : la possibilité pour les éleveurs de fixer leurs prix en tenant compte de leurs coûts de revient et de la situation des marchés.

  • Plan d’investissement

Le président de la République a aussi promis un plan d’investissement de 5 milliards d’euros pour l’agriculture, mais les syndicats agricoles se demandent si les producteurs les plus fragiles en bénéficieront alors que le nombre de défaillances d’exploitations continue d’augmenter. « 70 % des agriculteurs sont dans le rouge », selon Bernard Lannes, président de la Coordination rurale.