La chancelière allemande Angela Merkel s’est déclarée « optimiste », vendredi 26 janvier, en lançant la dernière ligne droite des négociations pour former « rapidement » un gouvernement en Allemagne, après quatre mois de blocages.

« Nous allons faire en sorte de négocier rapidement. Je crois que les gens attendent désormais que nous nous dirigions vers la formation d’un gouvernement », entre son camp conservateur et les sociaux-démocrates du SPD, a dit la chancelière peu avant le début des discussions. La formation d’un nouvel exécutif dans le pays ne veut pas dire « seulement un nouveau départ pour l’Allemagne, mais aussi un nouveau départ pour l’Europe », a souligné Mme Merkel.

Le président du SPD Martin Schulz a, pour sa part, insisté sur la nécessité pour une éventuelle coalition d’avoir un programme clairement proeuropéen face aux tendances isolationnistes des Etats-Unis de Donald Trump. L’objectif doit être « de faire à nouveau de l’Allemagne un leader européen », a-t-il dit.

Les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates ont scellé le 12 janvier un accord de 28 pages visant à la fois à éviter de nouvelles élections, et débloquer la crise ouverte depuis le scrutin du 24 septembre. Angela Merkel souhaite en finir le 11 février au plus tard, mais des sujets de discorde demeurent.

Trois grands points disputés

Conservateurs et sociaux-démocrates ne s’accordent pas sur l’immigration, tout d’abord. Les conservateurs ont imposé l’essentiel de leurs positions, proposant notamment une limite au nombre de demandeurs d’asile susceptibles d’être accueillis chaque année, et une reprise bridée du regroupement familial pour les réfugiés, victoire en demi-teinte pour le SPD. Les sociaux-démocrates demandent également une réduction des inégalités face à l’assurance-maladie et moins de flexibilité sur le marché du travail.

L’accord décidé en janvier entre le SPD, le CSU et la CDU s’était attiré des critiques de toute part : l’extrême droite a jugé la politique migratoire pas assez sévère, les Verts se sont dits déçus du volet environnemental, et la gauche radicale a dénoncé le caractère « injuste » de la politique sociale esquissée.

Pas le droit à l’erreur

L’impatience grandit dans le pays et à l’extérieur, quatre mois après un scrutin législatif marqué par la percée de l’extrême droite et le repli des grands partis traditionnels, qui n’a pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés. Une première tentative entre conservateurs, libéraux et écologistes a échoué en novembre. Angela Merkel n’a plus droit à l’erreur cette fois avec les sociaux-démocrates.

Contrainte de diriger depuis octobre un gouvernement gérant seulement les affaires courantes, la chancelière a reconnu mercredi au forum de Davos que l’absence de « gouvernement stable » la privait de moyens d’action.

Considérée, il y a encore peu, comme la dirigeante la plus puissante d’Europe, voire du monde dans certains médias des Etats-Unis, Angela Merkel, accaparée par ses problèmes internes et la controverse autour des migrants, a vu son image se tenir.