Son Goku dans « Dragon Ball FighterZ », semble tout droit sorti du dessin animé - il s’agit pourtant d’une scène de combat. / Bandai Namco

Est-ce un jeu vidéo ? Est-ce un dessin animé ? Dragon Ball FighterZ entretient l’ambiguïté, comme peu d’adaptations vidéoludiques ont aussi bien réussi à le faire avant lui. Dragon Ball FighterZ, sorti sur PlayStation 4, Xbox One et PC vendredi 26 janvier, est une ode maniaque au célèbre dessin animé des années 1990 et 2010.

Un hommage méticuleux et amoureux, qui à travers dialogues délicieusement croquignolesques, clins d’œil pointus et mise en scène d’époque, restitue comme nulle autre adaptation la saveur si particulière de l’œuvre d’Akira Toriyama, tour à tour fantastique, dantesque, drôle, dramatique et loufoque.

DRAGON BALL FighterZ - Launch Trailer | PS4, X1, PC
Durée : 01:26

Fidélité méticuleuse

Le respect du dessin animé transparaît à chaque instant, presque dans chaque pixel. Chacun des personnages est une réplique parfaite des héros de l’animé, dans le crayonné, leur ombrage, et même leur voix originale japonaise.

Le moindre mouvement enclenché manette en main donne à voir une gestuelle empruntée à au moins un des 291 épisodes de Dragon Ball Z ou à la centaine déjà diffusés de sa suite directe, Dragon Ball Super, dont il reprend quelques personnages comme Black, Hit, Whis et Beerus.

« Dragon Ball FighterZ » / Bandai Namco

Parfois, au détour d’une super-attaque, le cadrage effectue un pas de côté, la valeur des plans change, entre gros plans sur un visage extatique et plan large sur un paysage détruit par une explosion gigantesque, et c’est comme si le joueur ne savait plus exactement s’il était l’auteur ou le spectateur de l’action. L’ivresse de l’adaptation parfaite, telle que les fans de « DBZ » n’en avaient plu connu depuis l’époque de la Super Nintendo.

Fidèle, spectaculaire et accessible

Ce petit prodige – la série en est déjà à plus d’une centaine de jeux dérivés, dont peu égalent ce niveau de perfectionnisme tatillon – est le fait d’ArcSystem Works, studio japonais spécialisé dans les jeux de combat à l’ancienne. Ils sont notamment à l’origine de la série Guilty Gears, appréciée d’un public de connaisseurs pour son coup de crayon dans la droite ligne des shônen (les mangas d’action), ses animations somptueuses et ses combats à la pyrotechnie démesurée.

Lors des enchaînements, la caméra se déplace en temps réel pour recadrer les personnages, et accentuer encore le dynamisme de la scène. / Bandai Namco

De sa série phare, ArcSystem Works a conservé son savoir-faire, une maniaquerie graphique, une qualité d’animation hors norme et une mise en scène au dynamisme spectaculaire. Mais en passant d’une licence obscure à celui qui est longtemps resté, jusqu’à l’avènement de One Piece, le manga le plus vendu de l’histoire, son système de jeu s’est considérablement démocratisé.

Vous, que les manipulations techniques alambiquées, les combinaisons de touches complexes et la mémorisation d’enchaînements exigeants effraient : oubliez toute inquiétude. Dragon Ball FighterZ est aussi réconfortant, visuellement, qu’amical, manette en main : répéter trois fois la même touche, un simple quart de croix à la Street Fighter, ou la pression simultanée de deux boutons suffit bien souvent à libérer techniques martiales spectaculaires, katas aériens virevoltants et boules d’énergies formidables.

Une fois sa jauge de ki remplie, il suffit d’une manipulation simple pour déclencher une attaque dévastatrice inspirée du dessin animé. / Bandai Namco

Héros iconiques et Clone de Yamcha

Ce n’est pas dire que le jeu est dénué de toute finesse, de toute technicité. Avec son système d’affrontement en trois contre trois vivant et stratégique, ses parades au timing exigeant, et la gestion de ses ressources en « ki », l’énergie permettant de lâcher les attaques les plus destructrices, le jeu assure une marge de progression non négligeable. L’éditeur Bandai Namco ne cache d’ailleurs pas son souhait de l’imposer sur la scène e-sport.

Peut-être pourra-t-on regretter un casting un peu inégal, avec des coups spéciaux trop similaires – sans surprise, Goku, Gohan et Krilin, trois des héros, se jouent de manière relativement identique. Cela n’enlève rien au plaisir d’incarner par ailleurs le jeune Gotenks avec ses techniques facétieuses, de jouir de l’allonge proverbiale de Piccolo, de la brutalité quasi comique de Nappa, comme de la vélocité de Yamcha, de se régaler des assauts bonhommes et gourmands de Buu, comme de l’escadron de guerriers colorés du commandant Ginyu.

Yamcha, un des personnages les plus rapides du casting – ainsi qu’un adversaire que l’on affronte en boucle dans la première partie du mode Histoire. / Bandai Namco

Si l’on met de côté l’absence de transformations et le nombre honnête de personnages (24), mais loin des comptes gargantuesques d’un Dragon Ball Z : Budokai Tenkaichi 3 (186 !), les points faibles du jeu sont surtout à chercher du côté de son mode histoire, moins inventif que celui de Dragon Ball Xenoverse.

En dépit d’une méchante inédite, d’une narration chorale et d’un embryon de mise en abîme, elle se noie dans des combats à répétition sans enjeux narratifs – à l’image des affrontements lénifiants contre des clones de Yamcha, Krilin et Tenshinhan – et une intrigue passablement plate et sexiste. Mais là encore, Dragon Ball FighterZ brille par sa fidélité à l’œuvre originale.

En bref

On a aimé :

  • Se croire dans le dessin animé
  • Les combats incroyablement dynamiques
  • La prise en main très accessible
  • Les saynètes parlées quand certains combattants sont réunis
  • Cerise sur le gâteau, les voix japonaises

On n’a pas aimé :

  • Le mode Histoire répétitif et pas très bien écrit
  • C-18, à part passer les trois quarts du temps évanouie, elle sert à quoi ?
  • Quelques soucis de serveurs inaccessibles constatés au lancement
  • Aucune voix française

C’est pour vous si :

  • Vous avez grandi avec Dragon Ball Z
  • … ou Dragon Ball Super
  • Vous aimez les jeux de combats faciles d’accès…
  • … mais avec de l’action et de la profondeur

Ce n’est pas pour vous si :

La note de Pixels