Madame Monsieur - Mercy
Durée : 06:57

Ils ne sont désormais plus que huit candidats à espérer décrocher leur billet pour ­Lisbonne où se tiendra, le 12 mai, le 63e concours de l’Euro­vision. Huit jeunes artistes à rêver d’inscrire, quarante-deux ans après Marie Myriam, leur nom au palmarès du célèbre télécrochet qui réunit, chaque année, près de 200 millions de téléspectateurs. Faisant de cet événement l’un des plus regardés au monde avec les JO et la Coupe du monde du football. Reste que, avant de tenter de séduire le public européen, il leur faudra d’abord ­convaincre les téléspectateurs de France 2 ­appelés à voter, samedi 27 janvier, lors de la finale de « Destination Eurovision ».

Emmy Liyana - OK ou KO
Durée : 06:46

Inédit et ambitieux, ce mini-concours, lancé le 13 janvier, marque la volonté de la chaîne non seulement de fédérer le public autour d’un spectacle longtemps moqué et décrié, mais aussi de modifier l’image à l’é tranger d’une France « mauvaise perdante », plus prompte à critiquer le concours qu’à se donner les moyens de le gagner.

Malo' - Ciao
Durée : 06:33

Même si la mobilisation des Français pour l’Eurovision (20 à 25 % de part d’audience) demeure très en deçà de celle des Suédois (85 %) des Belges (60 %) ou des Espagnols (40 %), France Télévisions espère bien profiter du regain d’intérêt suscité, en 2016, par Amir, qui a permis à la France, après quelques années dans les profondeurs du classement, de se hisser dans le top 10, et de booster les audiences. Avec près de 5 millions de téléspectateurs, l’Eurovision a fait jeu égal avec la finale « The Voice » – diffusée sur TF1 –, le 14 mai 2016. « Amir a été réellement un déclencheur. Il a démontré que l’on pouvait se battre de nouveau à armes égales avec les autres pays. Surtout, il a réussi à capter un public plus large, plus jeune. C’était donc le bon moment pour lancer cette sélection nationale », explique Cyril Giraudbit, ­directeur délégué à l’antenne de France 2, qui souligne le travail ­accompli par ses prédécesseurs pour redynamiser l’Eurovision.

Louka - Mamma Mia
Durée : 06:35

Notamment à partir de 2015, lorsque le concours est passé de France 3 à France 2. Un transfert payant puisque le programme, après avoir connu, lors des éditions 2013 et 2014, ses pires audiences en dix ans, les a doublées d’un coup en réunissant 4,4 millions de téléspectateurs. Et cela malgré le choix de Lisa Angell – qui terminera avant-dernière.

Trois soirées

De cette piètre épopée, Nathalie André, ex-directrice des divertis­sements de France 2, se souvient du peu d’entrain de la plupart des maisons de disques – « Je m’entendais dire, t’es gentille Nathalie, mais l’Eurovision, on s’en fiche » – et des efforts déployés pour diffuser en télévision comme en radio la chanson de Lisa Angell. « Malgré tout, nous sommes parvenus à réveiller les Français et, finalement, tout le monde, puisque l’année suivante, les labels et les majors tels que Sony ou Warner nous faisaient des propositions », parmi lesquelles Amir, passé par « The Voice ». « On a bénéficié de cette notoriété, concède Nathalie André, mais aussi d’un titre fort [J’ai cherché] qui, dès la première écoute, a ­convaincu les gens de l’Eurovision que nous étions de retour. »

Nassi - Rêves de gamin
Durée : 06:06

Afin d’affirmer véritablement ce retour dans le concert des nations, France Télévisions a donc décidé de se mettre au diapason de l’Europe, en optant, comme la majorité des pays, pour une sélection nationale ouverte à tous où les ­téléspectateurs font entendre leur voix. Un choix défendu depuis deux ans par Edoardo Grassi, chef de la délégation française. « Quand j’ai soumis l’idée à Nathalie André, il était encore trop tôt. Nous sortions d’une période marquée par des ­résultats médiocres qui avaient nourri le désamour du public. Or, avant de produire des émissions de sélection, il fallait moderniser l’image de l’Eurovision », explique cet europhile bercé depuis l’enfance par le Festival de San Remo et fan du Melodifestivalen suédois. « Ce sont des sélections de qualité au sein desquelles n’importe quel artiste qui en sort vainqueur peut potentiellement gagner ou, tout du moins, obtenir un bon classement à l’Eurovision », précise Edoardo Grassi.

Max Cinnamon - Ailleurs
Durée : 06:14

Après avoir confié à ITV Studio France le soin de produire trois soirées reprenant les codes de l’Eurovision (avec deux demi-finales arbitrées par un jury inter­national et un jury français, et une finale arbitrée par le public), France 2 a ouvert en juin 2017 un casting national. Celui-ci a ­attiré près de 1 500 candidatures – bien plus que n’en espérait la chaîne, selon Cyril Giraudbit – auxquelles se sont ajoutées cinquante autres en provenance des majors et label indépendants.

Lisandro Cuxi - Eva
Durée : 03:04

« Toutes les maisons de disques ont participé, nous adressant aussi des titres originaux, confirme Matthieu Grelier, directeur des programmes de ITV, qui explicite ses choix. Nous voulions un artiste ­susceptible de résister à la pression, de la diversité dans les styles, une fraîcheur musicale, mais aussi des chansons suffisamment fortes pour exister au-delà du concours. » Certains des titres sont signés par Zazie, Maître Gims ou Grand Corps Malade.

Igit - Lisboa Jerusalem
Durée : 06:17

Sur les 200 artistes présélectionnés, 18 ont été retenus par un ­comité d’écoute comprenant des membres d’ITV et des dirigeants de France Télévisions. Mais cette ultime sélection n’a pas manqué de soulever des critiques, notamment sur la présence de candidats issus de télécrochets comme « The Voice », produit par ITV.

« Des artistes en devenir »

« C’est une fausse polémique, se défend Edoardo Grassi. Il y a plus de 1 000 artistes qui sont passés par cette émission depuis sa création en 2011 et bon nombre d’entre eux ont signé dans des maisons de disques, il était difficile de les esquiver. L’idée était de trouver des personnalités talentueuses qui puissent fédérer un public, indépendamment de leur parcours. » Rappelant que 7 sur 18 en sont issus (dont 3 désormais en finale), Matthieu Grelier précise que d’autres pays européens n’hésitent pas à envoyer des candidats issus de télécrochets à l’Eurovision, quand ce ne sont pas des programmes tel « Rising Star » en Israël ou « Operacion Triunfo » qui servent de sélection nationale. Avant d’ajouter : « Proposer en prime time des chansons inédites interprétées par des artistes en ­devenir est un vrai pari qui démontre que la France prend au sérieux l’Eurovision, en y consacrant des moyens, une exposition et un travail de recherche. »

Si l’on ne sait pas encore qui, de Lixandro Cuxi, du duo Madame Monsieur ou encore de Malo obtiendra les faveurs du public, un vainqueur est déjà connu : ITV Studio France, qui verra s’affronter samedi soir deux de ses productions. A savoir « The Voice », de retour sur TF1, et « Destination Eurovision », dont l’avenir pourrait dépendre de cette « battle ».