• Ludmila Berlinskaya
    Reminiscenza

    Ludwig van Beethoven : Sonate n° 30. Nikolaï Medtner : Sonata Reminiscenza. Robert Schumann : Kreisleriana. Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales

Pochette de l’album « Reminiscenza », de Ludmila Berlinskaya. / MELODYIA

Ludmila Berlinskaya affiche une hauteur de vue exceptionnelle dans ce programme aux allures de variations à grande échelle qui élargit la perception des œuvres tout en respectant le style de chaque compositeur. La pianiste russe débute son récital avec l’autorité qu’il faut pour imposer la singularité beethovénienne sans en altérer le mystère et la fantaisie. Avec Nikolaï Medtner (1879-1951), l’exploration tentaculaire est encore de mise ; cette fois, dans le domaine du souvenir, brûlant et caressant comme le flot schumannien qui suit. Après trois averses orageuses (de notes), un arc-en-ciel (de timbres) non moins spectaculaire (quels doigts !) signé Ravel pour conclure ce disque en tous points lumineux. Pierre Gervasoni

1 CD Melodyia.

  • Jean-Guihen Queyras et Alexandre Tharaud
    Johannes Brahms

    Sonate pour violoncelle et piano en mi mineur n° 1 op. 38 et Sonate pour violoncelle et piano en fa majeur n° 2 op. 99. Danses hongroises n° 4, n° 1, n° 5 (Livre 1) et n° 7 (Livre 2), n° 14 et n° 11 (Livre 3)

Pochette de l’album consacré à Brahms par Jean-Guihen Queyras (violoncelle) et Alexandre Tharaud (piano). / ERATO/WARNER CLASSICS

Le charme agit dès les premières mesures de la première Sonate pour violoncelle et piano op. 38, comme si ces deux-là s’étaient trouvés de toute éternité. Il y a d’abord le violoncelle, sensuel et sensitif de Jean-Guihen Queyras, d’une pureté violente, qui rappelle à quel point ce musicien est l’un des tout meilleurs de sa génération. Puis il y a le piano inventif et fervent d’Alexandre Tharaud, qui aborde la musique comme un naufragé une terre nouvelle, faite de jeu et d’aventure. Les deux aiment la confidence, les choses secrètes, la non-désignation. Leur Brahms se teinte parfois de couleurs fauréennes, parfois les touches et l’archet se confondent dans un grand souffle de vie incantatoire. Mais il sait aussi se livrer, puiser au profond du vivant, passer de l’inexpugnable mais ferme nostalgie aux sursauts battants du cœur. Et quel legato altier, quel art du chant chez Queyras, quand Tharaud se fait maître magicien, habillant la polyphonie de vertiges de brume ou de lumière. Comme rarement, un seul souffle, un seul esprit. Quant aux transcriptions des Danses hongroises finement réalisées par les deux compères, elles ne boudent aucun plaisir, du coup de talon de la danse aux épanchements avec juste ce qu’il faut de sentimental. Une magnifique et magistrale réussite d’emblée au sommet de la discographie. Marie-Aude Roux

1 CD Erato/Warner Classics.

  • Jean-Michel Bernard
    Plays Lalo Schifrin

Pochette de l’album « Plays Lalo Schifrin », de Jean-Michel Bernard. / CRISTAL RECORDS/SONY MUSIC

Pianiste, compositeur et arrangeur, Lalo Schifrin est d’abord connu pour ses nombreuses musiques de films, en particulier durant les années 1960 et 1970, et de séries télévisées. Une musique le plus souvent à vocation spectaculaire, jouée en grand ensemble, instruments à vents en avant. C’est en petite formation (claviers, trompette, saxophone, rythmique et sur certains morceaux une flûte, une guitare…) que le pianiste Jean-Michel Bernard aborde dans Plays Lalo Schifrin, quelques-uns des thèmes de Schifrin. La qualité des arrangements rend l’ampleur des originaux, leur aspect jazz développé dans des parties solistes. Outre Mannix, Bullitt, Dirty Harry ou Mission : impossible, on retrouvera ici des versions particulièrement réussies de la ballade mélancolique pour Luke la main froide de Stuart Rosenberg, de l’inquiétant motif utilisé pour Les Félins de René Clément et du dynamique thème du Kid de Cincinnati de Norman Jewison. Sylvain Siclier

1 CD Cristal Records/Sony Music.

  • Tarek Yamani
    Peninsular

Pochette de l’album « Peninsular », de Tarek Yamani. / EDICT RECORDS/L’AUTRE DISTRIBUTION

Tarek Yamani est pianiste. Piano et clavier électrique mènent donc la danse dans cet album racé. Installé à New York, Tarek Yamani est libanais. Les modes orientaux courent dans ses doigts autant que le jazz, son terrain de jeu. Sa musique affiche une tonicité rythmique remarquable. C’est celle de la musique khaliji, la musique du golfe persique qu’il est allé étudier à Dubaï où il a enregistré cet album, le troisième à paraître sous son nom. Jaillissant des peaux et des cymbales (les percussionnistes Wahid Mubarak et Ahmad Abdel Rahim, le batteur Khaled Yassine), des cordes du piano et de la contrebasse (Elie Afif), les rythmes font écho au temps où des esclaves africains furent amenés dans la péninsule arabique. Certains surprennent par leur parenté avec des rythmes afro-cubains, conférant à certaines compositions une réelle touche latino. Patrick Labesse

1 CD Edict Records/L’Autre Distribution.