L’heure n’est pas encore à la sérénité chez Les Républicains (LR). Le conseil national du parti de droite, qui se réunissait, samedi 27 janvier, à Paris, pour la première fois depuis l’élection de Laurent Wauquiez comme président de LR, a été le théâtre d’une passe d’armes entre ce dernier et ses opposants internes, Valérie Pécresse en tête.

Alors que le président du conseil national, l’ancien centriste Jean Leonetti, s’exprimait à la tribune, la présidente de la région Ile-de-France a fait une entrée remarquée dans l’auditorium de la Maison de la Mutualité, sous les acclamations de ses partisans, qui se trouvaient dans son sillage.

Cette mise en scène n’a pas manqué d’agacer M. Leonetti, tout comme une partie de la salle, qui a hué Mme Pécresse. Laurent Wauquiez est alors monté à la tribune pour tenter de calmer les esprits, et faire applaudir sa rivale. « Ces huées, c’est mauvais pour Wauquiez », commentait après coup un proche de la présidente de la région Ile-de-France. « Sans l’intervention de Laurent, elle sortait avec le goudron et les plumes », estimait de son côté un soutien de M. Wauquiez.

De fait, le discours prononcé à la tribune par Mme Pécresse, quelques minutes plus tard, n’a pas contribué à calmer les esprits. Présentant la candidature de son mouvement, Libres, pour qu’il devienne parti associé de LR, l’ancienne conseillère de Jacques Chirac a soulevé de nouvelles huées en assurant qu’« aujourd’hui, il y a deux droites ». « Il y a une droite plus conservatrice et une droite plus progressiste. Une droite plus protectionniste et une droite plus ouverte. Une droite plus eurosceptique et une droite plus européenne », a estimé celle qui revendique de fédérer la droite modérée au sein de LR face à M. Wauquiez.

Le ton très droitier de Wauquiez

Une fois encore, le président de LR est remonté à la tribune dans la foulée. « Il y a une droite. Elle peut être diverse, mais il y a une droite, une seule droite », a-t-il martelé. Ce qui ne l’a pas empêché de défendre la cause du mouvement de Mme Pécresse auprès du conseil national, ajoutant, doucereux : « sa voix est attendue quand elle travaille dans une équipe commune, et qu’elle ne tire pas contre son camp ». « Venir ainsi provoquer les cadres et les élus, c’est juste un non-sens », considère de son côté un proche de M. Wauquiez, raillant une « stratégie politique incohérente » de la part de Mme Pécresse et un « naufrage ». « C’est l’ego qui domine », juge quant à elle Lydia Guirous, porte-parole de LR.

Dans son propre discours, prononcé en conclusion de la journée, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a quant à lui assumé un ton franchement droitier, fidèle à sa campagne interne pour prendre la présidence de LR, à l’automne 2017. « Je n’ai pas changé et je ne changerai pas », a-t-il d’ailleurs assumé. « Il faut réduire de façon drastique l’immigration, avant qu’il ne soit trop tard », a assuré l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui revendique de partir à la conquête des électeurs du Front national.

Fustigeant sans relâche la politique du gouvernement, il a estimé qu’« Emmanuel Macron capitule face à l’insécurité ». « Il n’y a plus d’autorité, il n’y a plus de crainte, il n’y a plus de respect. Aujourd’hui, ce sont les voyous qui imposent leur loi, a-t-il ajouté. Et que fait le gouvernement Philippe ? Rien. » À ce volet « régalien », le président de LR a aussi ajouté un volet « social », jurant vouloir sien le mot de « justice ». « Ce n’est pas un mot qui appartient à la gauche », a-t-il avancé. Et d’assurer vouloir pérenniser l’assurance maladie et s’emparer du sujet du handicap.

Pendant ce temps-là, le juppéiste Maël de Calan, ancien adversaire de M. Wauquiez dans la course à la présidence de LR, a enchaîné de son côté les déclarations auprès des journalistes pour se plaindre de la faible place qui lui a été accordée au sein des instances du parti. « On va structurer une forme d’opposition en interne, qui pèse un gros tiers », prévient-il. « Deux trois essayent de faire un petit buzz à l’extérieur, personne ne l’entend à l’intérieur », réplique Pierre-Henri Dumont, député LR du Pas-de-Calais. Les réjouissances ne font décidément que commencer pour Laurent Wauquiez.