L’équipe de France de handball après sa défaite contre l’Espagne. / ANTONIO BRONIC / REUTERS

Ils sont tombés de leur piedestal, et le sol s’est ouvert sous leurs pas. Rossés vendredi par une équipe d’Espagne « meilleure [qu’eux] sur ce match » et ayant « su jouer exactement comme il fallait pour [les] battre », les coéquipiers d’Adrien Dipanda aspirent à remonter la pente et conclure sur une victoire leur Euro 2018. Loin des feux de la finale, où leur vainqueur ibère et la Suède se disputeront le titre de champion d’Europe, l’équipe de France de handball affronte dimanche 28 janvier le Danemark (18 heures, sur W9 et BeIN Sports 2) en petite finale.

Au lendemain de leur défaite (23-27) contre l’Espagne ayant mis au jour d’inquiétantes lacunes dans une équipe voguant - jusque là - vers le titre, les Bleus ont insisté sur la nécessité de se remobiliser. Impuissants en attaque - notamment placée - et inefficaces en défense, les Experts ont pris « une claque », confie Michaël Guigou. Et si joueurs et encadrement prévenaient au fil de la compétition contre les dangers de se voir trop beaux, personne ne l’avait vue arriver.

« C’est un match qu’on pu mieux anticiper, on aurait dû prévoir ce qu’ils allaient nous proposer, reconnaît Luc Abalo, pour qui la défaite des Bleus est due à un manque d’agressivité en attaque. On aurait du prendre la balle, sauter à dix mètres et tirer. On a perdu trop de ballons. » Refusant de pointer du doigt les cadres du groupe, aux abonnés absents vendredi, Didier Dinart s’est focalisé sur « l’état d’esprit général [qui] n’y était pas. »

« On a tous déjoué » en demi-finale

Depuis l’entame de la compétition, tous insistaient sur la « sérénité » du groupe façonné par le sélectionneur français. Et jusqu’à cette demi-finale, tous les essais du coach français semblaient voués au succès. Des joueurs en bout de banc bénéficiant de beaucoup de temps de jeu à des mises en place défensives différentes, le coach avait son plan, travaillé en amont, et il portait ses fruit. « Personne n’a compris, moi le premier. Je n’ai pas trouvé de solutions, et les joueurs non plus. On a tous déjoué », a assumé l’entraîneur, s’incluant dans « un même gros sac dans lequel on se partage les torts ».

Tentant d’evacuer au plus vite « la frustration de la demi-finale », les coéquipiers de Nikola Karabatic ont un match à jouer, dimanche, pour achever sur une victoire leur Euro si bien entamé. Et décrocher une 19e médaille dans une grande compétition (la 5e dans un Euro) pour l’équipe de France.

Pour les plus expérimentés des Bleus accoutumés à un métal plus noble, « gagner une médaille de bronze, ça ne fait pas rêver » assénait à chaud Valentin Porte après la rencontre. Et l’on pourrait s’attendre à un manque de motivation de la part des cadres à l’heure de disputer cette petite finale. « Troisième ou quatrième... personne ne se souvient des médailles de bronze aux Euros, il y a eu tellement de médailles d’or dans l’histoire de l’équipe de France », abonde Nikola Karabatic. Mais le meneur des Bleus insiste : « Pour cette équipe, c’est important de finir sur une victoire et une bonne note. »

Champions du monde contre champions olympiques

D’autant que l’adversaire des Bleus figurait également parmi les favoris de la compétition. Battus après prolongations pas leurs voisins Suédois (34-35), les Danois sont un adversaire que la France a l’habitude de rencontrer en compétition. Vainqueurs de leurs trois derniers affrontements (la finale des Jeux olympiques de Rio et deux rencontres de Golden League à l’automne), les coéquipiers d’un Mikkel Hansen marqué par « le scénario de la demi-finale » veulent également « bien finir leur compétition. »

« Les Danois auront faim, ils ne vont pas nous faire cadeau de la médaille de bronze », martèle le sélectionneur français, qui a disputé son lot de rencontres de ce types. Pour lui, « l’équipe qui arrivera à se remobiliser remportera ce match ». « A nous de faire ce qu’on fait depuis le début, rappelle Michaël Guigou, et d’être meilleurs en attaque placée afin d’aller chercher un résultat. »

Dans un groupe largement renouvelé où « plusieurs joueurs n’ont jamais rien gagné, une médaille reste une médaille », insiste le travailleur de l’ombre, Adrien Dipanda, pilier de la défense française. Et s’il fallait chercher d’autres sources de motivation, les plus anciens du groupe, Michaël Guigou en tête, se souviennent qu’en 2007, le Danemark les avait privés d’une médaille de bronze mondiale. « J’espère que ce match aura une autre issue ».