Gustavo Poyet est le nouvel entraîneur des Girondins de Bordeaux. / MEHDI FEDOUACH / AFP

Le costume sombre et la chemise blanche de Gustavo Poyet tombent impeccablement. Son teint hâlé renforce son allure de play-boy sud-américain. Lors de sa première conférence de presse, lundi 22 janvier, l’absence de cravate dans la tenue du nouvel entraîneur bordelais achève de lui donner un air chic et décontracté.

Mais cette impression ne doit pas masquer sa personnalité. Les vingt premières années de sa vie en Uruguay, ses 26 sélections avec la Celeste et ses treize saisons passées en Angleterre, en tant que joueur puis entraîneur, ont façonné un caractère passionné et déterminé.

La présentation de Gustavo Poyet à la presse
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Né à Montevideo, il y a tout juste cinquante ans, l’ancien international uruguayen n’a en effet pas l’air inquiet de débuter son aventure girondine, dimanche 28 janvier, par un gros morceau : la réception du deuxième de Ligue 1, l’Olympique lyonnais. Pourtant, son nouveau club a perdu 12 de ses 17 derniers matchs. Candidats aux coupes européennes en début de saison, les Bordelais occupent une décevante 12e place, avec seulement 4 points d’avance sur le barragiste.

Alors qu’il a échoué dans un premier temps à s’entendre avec le favori à la succession de Jocelyn Gourvennec, le Belge Michel Preud’Homme, le président des Girondins Stéphane Martin explique ainsi son choix final : « On voulait un entraîneur qui ait le profil de monter une opération commando. Gustavo Poyet est un leader capable de joueur avec la peur au ventre tous les week-ends. »

Au contraire de sa riche carrière de joueur dans des clubs comme Saragosse ou Chelsea, où il a notamment gagné une Coupe d’Angleterre, une Coupe d’Espagne, deux coupes des vainqueurs de coupes [on se souvient du but victorieux incroyable de son coéquipier Nayim pour Saragosse en finale en 1995 face à Arsenal], son expérience en tant que coach reste plutôt décevante.

Nayim Long Game Winning Goal ZARAGOZA VS ARSENAL 1995
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A son actif, il compte une montée de League One (division 3) en Championship (division 2) en 2011 avec Brighton et une finale de Coupe de la Ligue anglaise en 2014 avec Sunderland. Ses expériences en Grèce avec l’AEK Athènes, en Espagne avec le Betis Séville et en Chine avec le club de Carlos Tevez, Shanghaï Shenhua, ont tourné court.

« La radio »

Cela n’empêche pas « Gus », son diminutif, d’être confiant et de faire référence à son arrivée sur le banc de Sunderland en cours de saison 2013-2014. « On avait un point en sept matchs, c’était vraiment difficile. On a bien travaillé, cela a bien marché [maintien et finale de Coupe de la Ligue en 2014]. C’est une expérience qui va nous servir ici », dit-il, sans rappeler bien sûr qu’il avait été licencié en mars 2015.

Ex-milieu de terrain très offensif, il a inscrit plus de 120 buts en club, le Sud-Américain prône un jeu de possession même s’il se déclare pragmatique : « Il faut trouver le style de jeu pour l’équipe que tu as. Il faut trouver un style de jeu pour gagner des matchs. Mais ce qui est important, c’est le ballon. Si on veut jouer le football que je veux, le ballon est vraiment important. Si l’on a le ballon, c’est plus facile. »

Gustavo Poyet - all 49 goals for Chelsea FC
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Pour réussir sa sixième expérience d’entraîneur, Gustavo Poyet pourra compter sur son meilleur joueur, Malcom, pourtant très courtisé sur le marché des transferts. Auteur de cinq passes décisives et de sept buts, dont un doublé à l’aller face à l’OL, le jeune Brésilien de 20 ans restera jusqu’à la fin de la saison. « Cela a été ma première question. J’ai demandé “Malcom” ? On m’a dit : il ne part pas. Alors, c’est bon et on a continué de parler », raconte-t-il.

S’exprimant avec aisance, l’Uruguayen est un bon client pour la presse. En Espagne, il était surnommé « la radio » pour sa propension à la communication. De plus, Gustavo Poyet possède un très bon niveau de français. A 21 ans à peine, le jeune joueur débarquait en France pour débuter sa carrière européenne. A Grenoble, alors en deuxième division, il côtoie notamment Youri Djorkaeff.

« J’ai joué comme un pied en France. Je n’ai pas d’excuse pour ça, j’étais tout simplement mauvais. J’ai marqué quelques buts mais je n’ai pas été bon. Les huit premiers mois ont été les plus durs de ma vie, racontait-il en janvier 2014 dans une interview à The Independent en janvier 2014, J’avais l’habitude de me dire que si l’aéroport avait été près de chez moi, j’aurais alors pris le premier avion pour me tirer. Mais comme il était à une heure de route, je n’en ai rien fait… »

L’aéroport de Bordeaux-Mérignac n’est situé qu’à trente minutes du centre-ville bordelais. On lui souhaite de ne s’en servir que pour les déplacements de matchs.