Le premier ministre du Yémen, Ahmed ben Dagher, a dénoncé dimanche 28 janvier un « coup de force » séparatiste après la prise du siège transitoire du gouvernement yéménite dans la ville méridionale d’Aden, la deuxième du pays.

Le chef du gouvernement a demandé à la coalition sous commandement saoudien, présente dans la ville, d’intervenir pour éviter le chaos.

« Ici, à Aden, un coup de force est en cours contre [l’autorité] légitime. Nous espérons et attendons que les Emirats arabes unis et tous les membres de la coalition [arabe intervenant au Yémen en soutien au gouvernement] s’occupent de cette crise qui se dirige vers une confrontation militaire totale. C’est la condition pour sauver la situation. »

Les incidents ont éclaté lorsque des unités de l’armée loyale au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont tenté d’empêcher des manifestants séparatistes d’entrer dans la ville pour exiger le départ du gouvernement, selon des sources sécuritaires. Les hôpitaux rapportent que les combats ont fait au moins quinze morts et trente-trois blessés.

Des affrontements à l’arme lourde se poursuivaient dans plusieurs quartiers de la ville portuaire d’Aden où les écoles et les magasins avaient fermé dès les premières heures de la matinée, selon des habitants.

« Inquiétude » de la coalition

Le Sud Yémen était un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990. L’ancien gouverneur d’Aden, Aidarous al-Zoubaidi, limogé en avril 2017 par M. Hadi, avait annoncé en mai la mise en place d’un conseil de transition du sud, placé sous sa présidence pour « diriger les provinces du sud et les représenter à l’intérieur et à l’extérieur » du pays. La manifestation de dimanche était organisée par cette instance.

Les Emirats arabes unis ont entraîné et soutiennent une force, appelée « Ceinture de sécurité ». Cette force soutient le conseil de transition de M. Zoubaidi.

Le Mouvement sudiste (séparatiste) est très puissant et ses relations sont tendues, depuis l’année dernière, avec le gouvernement, qui s’est repositionné à Aden après avoir été chassé en septembre 2014 de la capitale Sanaa, conquise par des houthistes soutenus par l’Iran.

Le gouvernement du président Hadi est soutenu militairement depuis mars 2015 par une coalition dont des forces saoudiennes et émiraties sont présentes à Aden. Dès samedi soir, cette coalition a diffusé un communiqué exprimant son inquiétude et appelant au « calme » et à la « retenue ».