Avril 2015, sur la grande scène du festival californien Coachella, le guitariste et chanteur américain Jack White vient de s’arrêter de jouer. Exaspéré par les spectateurs en train de photographier, filmer, envoyer des messages avec leurs téléphones portables : « Tapez dans vos mains et baissez vos foutus téléphones pendant cinq secondes. Je ne demande pas grand-chose, cinq secondes ! »

Pour sa tournée en Amérique du Nord et en Europe prévue du 19 avril au 23 août, Jack White est passé à la phase supérieure. Le 24 janvier, en même temps que les dates et lieux de la tournée, il a été précisé que les téléphones portables, et par extension tout appareil permettant de filmer, enregistrer ou photographier, seront interdits lors de ces concerts (hors festivals). Plus précisément, ils pourront être conservés par leurs propriétaires après avoir été glissés dans des étuis verrouillables le temps du concert – si besoin, ces étuis peuvent être débloqués dans un espace spécifique. C’est la société californienne Yondr qui est chargée de l’opération.

Le système d’étui pour téléphones de Yondr. / OVERYONDR.COM

Chez Radical Production, qui s’occupe des deux concerts de Jack White à l’Olympia, les 3 et 4 juillet, dont toutes les places ont été vendues dans l’heure le 26 janvier, le gérant, Christophe Davy, a été informé en début de semaine, avant la mise en vente. « C’est une première pour nous et je pense une première en France. Nous avons pu l’indiquer dans les conditions générales de vente des billets, les acheteurs sont donc au courant. » L’infrastructure nécessaire, les personnels qui vont se consacrer à la remise des étuis, les espaces de déblocage devraient entraîner des frais supplémentaires de production, mais il est trop tôt pour les évaluer précisément.

Christophe Davy, gérant de Radical Production : « Les gens retrouveront l’attention à ce qui se passe sur scène »

« Nous allons nous renseigner sur ce qui se passe aux Etats-Unis, là où le système a été utilisé dans des salles comparables. » Une inconnue, le temps de passage qui s’ajoutera aux habituels contrôles des billets et vérifications de sécurité à l’entrée de la salle. Et celui de l’après-concert, à la sortie, pour faire déverrouiller l’étui sur un système comparable aux antivols dans les magasins de vêtements.

« Je vois cela comme une expérience intéressante, positive, ajoute Christophe Davy. Un concert durant lequel les gens retrouveront l’attention à ce qui se passe sur scène, à ce qui est joué. C’est une démarche artistique, conforme à ce que défend Jack White depuis des années. » Lequel, pour ne pas peiner ceux qui voudraient avoir un souvenir du concert, le leur permettra… grâce au photographe officiel de la tournée qui « postera des photos et des vidéos après le concert sur Jackwhiteiii.com et sur le nouveau compte Instagram @officialjackwhitelive ».