L’ex-président de la Catalogne, Carles Puigdemont, le 24 janvier à Bruxelles. / JOHN THYS / AFP

L’ex-président de la Catalogne Carles Puigdemont, en quête d’une réélection mardi 30 janvier, a négocié la possibilité de prononcer son discours d’intronisation à partir du Parlement flamand, l’assemblée régionale de Flandre, installée à Bruxelles. Cette éventualité, discutée avec les nationalistes de l’Alliance néoflamande (N-VA), s’est toutefois heurtée au refus des autres partis au pouvoir à la région de Flandre, les chrétiens-démocrates du CD & V et l’Open VLD, confirment plusieurs sources au Monde. « Il ne serait pas bon que le Parlement soit utilisé pour un jeu politique étranger », avait fait savoir le chef du groupe Open VLD, Bart Somers.

M. Puigdemont, exilé en Belgique depuis la fin du mois d’octobre 2017 et sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice espagnole pour son rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne, a discuté avec la direction de la N-VA, le parti le plus important de Flandre, qui détient la présidence de l’Assemblée. Au sein de celle-ci, la cause catalane compte de nombreux supporteurs, qui espéraient, en fait, organiser, au sein de la commission des relations extérieures, un débat entre l’ambassadrice d’Espagne à Bruxelles et le leader indépendantiste.

« Il est le bienvenu »

L’entourage de M. Puigdemont estimait possible d’aller plus loin et d’envisager un discours adressé à l’assemblée catalane par téléconférence. C’était avant que la Cour constitutionnelle espagnole n’évoque, samedi 27 janvier, l’impossibilité, pour l’intéressé, de se faire élire ou de gouverner à distance.

Interrogé dimanche par la chaîne publique VRT, Bart De Wever, le président de la N-VA, a paru enterrer le projet de celui qu’il a qualifié d’« ami ». « Il est le bienvenu, ici, à la maison ou au Parlement flamand », a expliqué M. De Wever. Mais, a-t-il ajouté, l’éventualité d’un discours d’investiture prononcé depuis Bruxelles devait être acceptée par le bureau permanent du Parlement régional. « Aucune demande n’a été introduite, si elle lui parvient, le bureau décidera », expliquait prudemment, dimanche soir, le président du Parlement, Jan Peumans. Aucune réaction du gouvernement fédéral belge n’était à noter. Le premier ministre, Charles Michel, tient surtout à éviter une crise diplomatique avec Madrid après les tensions survenues au cours des derniers mois.

Présent, dimanche, à une réception de la N-VA dans la grande banlieue de Bruxelles, M. Puigdemont n’a pas répondu aux questions des journalistes qui l’interrogeaient sur son éventuel retour à Barcelone. Un parlementaire de son parti, Josep Rull, expliquait, lundi, que l’ex-président demanderait, « dans les prochaines heures », la permission de la justice espagnole pour participer au débat prévu mardi au Parlement catalan pour le vote et l’investiture du nouveau dirigeant de la région.

Sacrifice

Selon la Cour constitutionnelle, M. Puigdemont doit revenir en Espagne, se constituer prisonnier et ensuite demander la permission du juge d’instruction pour participer à la session d’investiture.

Joan Tarda, député d’un autre parti indépendantiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), alliée de M. Puigdemont, a suggéré dans une interview publiée dimanche par La Vanguardia que celui-ci pourrait faire preuve de « patriotisme » et accepter d’être remplacé. A Bruxelles, aucune confirmation n’était fournie lundi matin.

« Il est indispensable que nous ayons un gouvernement, s’il faut sacrifier le président Puigdemont, nous devrons le sacrifier », a déclaré M. Tarda. En revanche, le parti de M. Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (JxC), avait affirmé dimanche qu’il n’envisageait pas de proposer un autre candidat.

Le président du Parlement catalan, Roger Torrent, qui a désigné M. Puigdemont comme candidat, n’a, lui, pas réagi dimanche à la décision de la Cour constitutionnelle.