Deux hommes avec des drapeaux espagnols dans les rues de Barcelone, le 29 janvier. / RAFAEL MARCHANTE / REUTERS

Nouvelle journée de tension en vue en Espagne. Les indépendantistes catalans maintiennent leur projet d’investir à la présidence de l’exécutif régional Carles Puigdemont à l’issue d’un débat interdit par la justice qui doit commencer dans l’après-midi du mardi 30 janvier. Destitué par Madrid, il est le seul candidat à la direction de cette région de 7,5 millions d’habitants.

Pendant que le Parlement local discutera de cette option, ses partisans manifesteront aux abords de la chambre, invités à arborer des masques à l’effigie de leur chef de file. On ignore si le véritable Carles Puigdemont sera parmi eux ou s’il fera une apparition surprise devant les élus, au risque d’être arrêté pour « rébellion » après trois mois d’exil volontaire en Belgique.

Blocage de la Cour constitutionnelle

Cette session intervient après un arrêt samedi de la Cour constitutionnelle, saisie par le gouvernement central, qui a en principe interdit sa tenue. Les juges, agissant en urgence, ont annoncé qu’en cas d’investiture à distance, le vote ne serait pas valable.

Les magistrats ont en outre considéré que M. Puigdemont devait auparavant demander en personne au juge de la Cour suprême, en charge de l’enquête le visant, l’autorisation de comparaître devant la chambre. Le Parlement doit respecter un délai légal s’achevant mercredi pour la session d’investiture.

De son côté, Carles Puigdemont a contesté devant la Cour constitutionnelle l’arrêt en cause. Celle-ci examinera son recours à partir de 13 heures.

Aucune amorce de dialogue

Cette séance intervient trois mois après la déclaration d’indépendance unilatérale votée au Parlement le 27 octobre, point d’orgue d’une crise politique sans précédent en Espagne, qui s’est ouverte avec l’organisation d’un référendum d’autodétermination interdit, le 1er octobre.

Après la tentative de sécession, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a suspendu l’autonomie de la région, dissous le Parlement et convoqué de nouvelles élections, avec l’espoir d’un apaisement de la situation dans la région, divisée sur l’indépendance.

L’atmosphère reste toujours extrêmement tendue entre Madrid et les séparatistes, sans aucune amorce de dialogue, alors que chacun campe sur ses positions.

« Sacrifier » M. Puigdemont

Carles Puigdemont, 30 ans de combat pour l'indépendance catalane
Durée : 01:49

Si M. Puigdemont est absent ce mardi, le président du Parlement régional, Roger Torrent, pourrait laisser s’ouvrir la session avant de considérer que l’investiture n’est pas possible à distance et qu’il faut chercher un nouveau candidat. Il pourrait aussi désobéir à la Cour, au risque de poursuites pénales. Il peut enfin gagner du temps en repoussant la séance…

Certains dans son camp estiment désormais ouvertement qu’il est temps de « sacrifier » M. Puigdemont pour permettre à un nouveau gouvernement régional de prendre ses fonctions et mettre fin à la mise sous tutelle de la Catalogne.