Dans un supermarché en france. / REMY GABALDA / AFP

L’économie de la zone euro est en pleine forme, et de nouveaux chiffres viennent le confirmer toutes les semaines. Selon les statistiques publiées mardi 30 janvier par Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) de l’union monétaire a progressé de 0,6 % au dernier trimestre 2017, après 0,6 % au trimestre précédent. Sur l’ensemble de l’année, la croissance s’est donc établie à 2,5%. Elle dépasse le rythme enregistré en 2010 (2,1 %).

Si 2016 fut l’année de la reprise, 2017 fut celle de sa consolidation : les bons indicateurs se sont diffusés à la plupart des secteurs et se sont généralisés à l’ensemble des Etats membres. Dans le détail, le PIB français a crû de 0,6 % sur l’année, et celui de l’Espagne, de 0,7 %. Les chiffres des autres pays seront publiés ces prochains jours.

  • Les pays membres ont profité de la reprise mondiale

La zone euro a profité du redémarrage de l’économie mondiale. Selon les dernières prévisions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le commerce mondial a augmenté de près de 3,6 % l’an passé, en volume. Les échanges de marchandises ont nettement rebondi par rapport à 2016 (1,3 %), tirés par la demande américaine et chinoise.

Le moteur des exports a joué un rôle essentiel dans la reprise européenne, notamment en Espagne ou en Portugal, où la demande domestique a longtemps été en berne, marquée par la récession et les politiques d’austérité. Selon les estimations des économistes de la banque Edmond de Rothschild, les exportations de l’union monétaire ont ainsi progressé de 4,1 % en 2017. Grâce au rebond de leurs carnets de commandes, les entreprises ont recommencé à embaucher et à investir.

  • Les moteurs internes sont repartis

L’année 2017 a été marquée par une forte décrue du nombre de demandeurs d’emplois. Entre janvier et novembre 2017, le taux de chômage de la zone euro a ainsi baissé de 9,6 % à 8,7 %, retrouvant ainsi son niveau de janvier 2009.

Bien sûr, le tableau reste contrasté selon les Etats : le taux de chômage est encore élevé en Grèce (20,5 %) et en Espagne (16,7 %), tandis que l’Allemagne (3,6 %) et les Pays-Bas (4,4 %) sont au plein-emploi. Reste que depuis 2013, la zone euro a créé plus de 7 millions de postes. Grâce à cela, le pouvoir d’achat s’est redressé. Et la consommation des ménages, qui reste le principal moteur de l’activité en France et en Italie, s’est raffermie. Sur l’ensemble de la zone euro, elle a progressé de 1,8 % l’an passé, selon les économistes de la banque Edmond de Rothschild. L’investissement, longtemps à la traîne, a quant à lui progressé de 3,7 %.

  • Les faiblesses structurelles demeurent

D’après les prévisionnistes, la tendance devrait se poursuivre en 2018, où la croissance de la zone euro devrait s’établir à 2,1 %, selon la Commission européenne. Laurence Boone, chef économiste du Groupe AXA, table même sur 2,5 %. « L’amélioration est partout : les intentions d’embauches accélèrent, ce qui signifie que la baisse du chômage ne va pas seulement continuer, elle se produira plus vite qu’en 2017, souligne-t-elle, dans une note sur le sujet. Les indices de sentiment économique suggèrent une croissance en 2018 de 3,8 % en Allemagne, 2,8 % en France, 2,6 % en Italie et 4 % en Espagne. Jamais depuis 2006-2007, l’élan économique de la zone euro n’a été aussi fort ».

Reste que la crise a laissé de nombreuses séquelles, notamment sur le marché du travail : le chômage longue durée et celui des moins de 30 ans est toujours élevé en France, en Italie ou encore en Irlande. De plus, le système bancaire reste fragile au sud de l’Europe, notamment en Grèce et en Italie.

Les économistes s’inquiètent également de la faiblesse des investissements dans l’innovation et le vieillissement de la population active, qui pèsent sur le potentiel de croissance future de la zone euro.