Le président russe s’est excusé mercredi auprès des sportifs russes exclus des jeux olympiques organisés cette année en Corée-du-Sud, critiquant les sanctions « étranges » du CIO. / Grigory Dukor / AP

A quelques jours des Jeux de Pyeongchang (du 9 au 25 février), Vladimir Poutine a reçu une partie des 169 sportifs considérés comme « propres » par le Comité international olympique (CIO) et qui s’apprêtent à s’envoler pour la Corée du Sud.

Il a d’abord tenu à souligner les « conditions très difficiles » dans lesquelles les athlètes ont passé les derniers mois, avec l’épée de Damoclès d’une exclusion: « C’est deux fois plus difficile [de participer aux JO] lorsque le sport se mêle à des événements (...) qui lui sont étrangers, avec la politique ou autre chose. »

« Pardonnez-nous de ne pas avoir pu vous protéger de cela », a ajouté le président russe, peu coutumier des mea culpa.

Poutine qualifie d’« étranges » les décisions du CIO

Engluée dans un vaste scandale de dopage institutionnalisé dans le sport entre 2011 et 2015, et notamment pendant les Jeux olympiques de 2014, à Sotchi, la Russie a été suspendue le 5 décembre des prochains JO se déroulant en Corée du Sud.

Un panel dirigé par l’ancienne ministre des sports française Valérie Fourneyron a cependant autorisé 169 sportifs à concourir, excluant une centaine d’autres, dont certains de premier plan, comme la légende du short-track Viktor Ahn. Parmi les exclus, certains, comme Ahn ou le biathlète Anton Shipulin, champion olympique en relais (Sotchi), n’ont jamais été testés positifs.

Pour Vladimir Poutine, ces sanctions sont « étranges » : « La question se pose : que sommes-nous en train de combattre : le dopage, ou quelque chose d’autre? » « Nous aimerions le savoir », a-t-il ajouté, exigeant une « discussion substantielle » avec les institutions internationales antidopage.

« Nous admettons nos propres omissions, erreurs, inattentions concernant des choses qui s’avèrent être importantes dans le sport contemporain », a déclaré Vladimir Poutine.

Et « nous comptons beaucoup sur le fait que nos collègues dans les organisations internationales sportives fassent leur possible pour que ces organisations ne deviennent pas le département d’Etat de certains pays », a-t-il prévenu, une référence apparente aux Etats-Unis.

Une compétition de consolation pour les athlètes exclus

Le Kremlin a promis de soutenir les athlètes évincés, pour qui une compétition de consolation sera organisée avec des primes équivalentes à celles des médaillés olympiques, a dit son porte-parole, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes.

Ce n’est pas une première. En 2016, la Russie avait organisé un meeting dans un stade de Moscou pour son équipe d’athlétisme exclue des JO d’été de Rio.

Depuis mardi, le président russe alterne actes de contrition et de défiance envers les instances sportives internationales. Il a ainsi semblé vouloir adoucir les angles avec le CIO, reconnaissant une nouvelle fois qu’« il y a[vait] eu des cas de dopage en Russie ».

Le scandale dans lequel la Russie est empêtrée « est de notre faute (...) C’est la vérité et je veux que l’auditoire et tout le pays le sachent », avait-il dit lors d’un discours retransmis par la télévision publique.

Vladimir Poutine a néanmoins aussitôt relativisé la culpabilité de la Russie : « Il y a eu de tels exemples (de dopage) sur toute la planète, mais ils ne sont pas mis en avant et dramatisés ».

« Il ne faut pas transformer le sport, le mouvement olympique, en arrière-cour d’une sorte de sale cuisine politique », a-t-il poursuivi.

Le président russe s’en était ensuite pris à l’ex-responsable de l’antidopage russe devenu lanceur d’alerte, Grigori Rodtchenkov, qui l’a accusé d’avoir joué un rôle crucial dans le dopage institutionnalisé mis en place en Russie.

« Cet homme a à l’évidence des problèmes avec la loi », a déclaré M. Poutine, le qualifiant d’« imbécile » qu’il faut « mettre en prison ».

En 2016, après les révélations de M. Rodtchenkov, qui s’était réfugié aux Etats-Unis en disant craindre pour sa vie, le rapport McLaren, commandé par l’Agence mondiale antidopage (AMA), a révélé l’organisation en Russie d’un système institutionnalisé de dopage, notamment lors des jeux olympiques d’hiver de 2014, à Sotchi.