« Submergée par un flot ininterrompu de saisines des femmes victimes de violences sexuelles », l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) annonce, mercredi 31 janvier, qu’elle ferme son accueil téléphonique, ne pouvant plus « répondre à tous » et « assurer la défense des victimes » avec ses moyens actuels.

L’association prend « une décision aussi difficile qu’inévitable : celle de fermer l’accueil téléphonique jusqu’à nouvel ordre » pour pouvoir « continuer d’apporter un soutien de qualité aux personnes qui nous ont déjà sollicitées », explique dans un communiqué la déléguée générale de l’association, Marylin Baldeck.

Entre 2015 et 2017, le nombre de saisines a doublé, précise-t-elle. Pour l’année 2017, dont le dernier trimestre a été fortement marqué par les conséquences de l’affaire Weinstein, 223 femmes ont saisi l’AVFT.

« Trois mois » après l’affaire et « après la grandissante mise à l’agenda médiatique de la question du harcèlement sexuel au travail », « alors que l’AVFT fonctionne sans augmentation de subventions et donc d’effectifs depuis treize ans, il n’est pas difficile de comprendre que notre situation est absolument intenable », poursuit le communiqué.

Appel au renforcement de ses moyens

Selon l’association, qui emploie cinq salariées, dont l’une en CDD jusqu’en novembre, « il faudrait une année entière pour tout faire ». En 2014 déjà, « avant même les affaires Baupin et Weinstein », l’association, qui accompagne juridiquement les victimes dans leurs actions, avait fermé puis rouvert mais de façon plus limitée son accueil téléphonique.

Le 25 novembre, en décrétant l’égalité femmes-hommes grande cause du quinquennat, le président de la République a déclaré que « la lutte contre le harcèlement sexuel au travail était inscrite au titre des priorités de l’inspection du travail mais sans moyen supplémentaire », regrette l’association.

Pour poursuivre ses missions, elle demande « une augmentation substantielle de ses ressources financières » ainsi que le renforcement « des moyens et compétences de tous les acteurs concernés par la lutte contre les violences sexuelles au travail, particulièrement les acteurs publics ».