Emmanuel Macron lors de ses vœux aux armées le 19 janvier 2018. / CLAUDE PARIS / REUTERS

A quand le service national universel (SNU), et en quoi consistera-t-il ? A défaut de donner une réponse précise, Emmanuel Macron a donné la première échéance d’un calendrier, mardi 30 janvier, lors de ses vœux aux forces vives de la nation : un groupe de travail a été chargé d’amorcer « des travaux de préfiguration et de rendre ses conclusions en avril ». Cette annonce du président de la République est faite alors que la remise d’un rapport sur le sujet, prévue mercredi 31 janvier par la mission d’information de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, a été reportée sine die : un symptôme de la difficulté de l’exécutif à trouver une partition pour mettre en musique l’engagement présidentiel.

« Beaucoup disent que c’est impossible à faire, a d’ailleurs reconnu le chef de l’Etat mardi soir. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion. Cela forge plutôt en moi la conviction que c’est une nécessité de le faire. Et cela répond à ce qui corrode au plus profond la cohésion de la nation, à la tentation de l’individualisme. » Si la mise en place du service universel demande une modification de la Constitution, « nous l’assumerons », a-t-il affirmé.

« Des combats dans les domaines social, environnemental et culturel »

Quant à son contenu, « il ne s’agit pas de réinventer le service militaire », mais de donner « à la jeunesse de France des causes à défendre, des combats à mener dans les domaines social, environnemental, culturel », a-t-il précisé. Quelques heures plus tôt, devant l’Assemblée nationale, la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées, Geneviève Darrieussecq, avait brossé à grands traits ce que pourrait être le SNU, répondant à la députée Emilie Guerel (LRM) lors des questions au gouvernement :

« (…) un temps où la jeunesse pourra en commun approfondir la citoyenneté et l’esprit de défense, faire l’apprentissage des gestes qui sauvent et également donner de son temps pour autrui. Ce sera aussi un temps qui permettra à toute une génération de faire une expérience commune fédératrice d’engagement ; ce qui participera à la cohésion de la nation au-delà des différences d’origine, de sexe, de milieu et d’histoire. »

L’idée d’un service « militaire », proche de ce que fut le mois de formation qu’étaient « les classes » avant 1998, semble ainsi définitivement écartée.

C’était pourtant elle qui avait prévalu quand, en mars 2017, le candidat Emmanuel Macron avait présenté les grandes lignes de sa politique de défense. Lui, président, devait instaurer un « service national universel, encadré par les armées et la gendarmerie nationale, s’adressant aux jeunes femmes et hommes aptes de toute une classe d’âges, soit environ 600 000 jeunes par an ». Et de préciser :

« Ce temps de service militaire universel devra intervenir dans les trois ans suivant le 18anniversaire de chacun. »

Dès cette annonce, la faisabilité du projet avait suscité de vives interrogations. Combien allait coûter l’encadrement d’environ 700 000 jeunes chaque année ? Entre 2 milliards et 3 milliards d’euros annuels, avait avancé Emmanuel Macron durant sa campagne. La somme fit bondir les militaires, ces 3 milliards représentant déjà le coût annuel de la dissuasion nucléaire.

Une observation dont se souviendra le candidat. Lors de ses vœux aux armées, le 19 janvier, alors qu’il rappelait son intention de « mener à son terme » le « chantier » du service national universel, il précisait aussitôt qu’il y aurait « un financement ad hoc qui ne viendra en rien impacter la loi de programmation militaire ». Une promesse qu’il avait déjà faite, mais dont les militaires ont apprécié la confirmation. Tout comme l’assurance que le projet serait « conduit par l’ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des armées ».