Les voeux d’Emmanuel Macron à l’Elysée, le 30 janvier. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Devant l’Elysée éclairé, un ballet. Les berlines officielles font crisser le gravier, accompagnées par la garde républicaine, qui joue ses classiques. S’il n’a pas dérogé au rituel des vœux, Emmanuel Macron avait décidé de faire un « tir groupé » en invitant, mardi 30 janvier, tous ceux qu’il n’avait pu encore recevoir. Pêle-mêle, étaient donc conviés « les bureaux des assemblées, le Conseil de Paris, les corps constitués (les plus hautes autorités de l’Etat) et les forces vives (syndicats et patronat) », tous rassurés d’avoir enfin reçu un bristol pour l’Elysée (il était moins une). Le président avait invité aussi une cinquantaine de « héros » de l’année, pompiers, boulangers ou scientifiques, sportifs ou sauveteurs en mer, policiers ou militaires ayant tué un terroriste ou « sauvé un enfant ». L’auteure du premier Tweet #balance ton porc avait également été conviée, « parce qu’elle a libéré la parole des femmes », explique-t-on à l’Elysée. Un « format inédit », a commenté le chef de l’Etat devant la petite foule qui se pressait dans une salle des fêtes pleine à craquer, avant de discourir sur « l’engagement ».

« Nos concitoyens ont besoin de héros du quotidien qui donnent à rêver », a-t-il résumé en appelant les Français à « retrouver le goût du risque » pour la « transformation » du pays. Evoquant la réforme de la Constitution, il a dit vouloir réduire de moitié les membres du Conseil économique, social et environnemental. Et promis que son projet de créer un service national universel verrait le jour. « Beaucoup disent que c’est impossible. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion », a-t-il ajouté.

Confronté à une série de mouvements sociaux (prisons, hôpitaux, etc.), le chef de l’Etat a appelé à la « responsabilité », ajoutant que 2018 ne pouvait « pas être l’année des divisions et des petits calculs » et invité à « ne jamais céder aux passions tristes ». Des recommandations que n’ont pas suivies tous ses invités. « Quel baratin », a pesté le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, à l’issue du discours. De son côté, Gilles Lécuelle, de la CFE-CGC, a eu le sentiment de se faire sermonner, au détour d’un discours « tristounet » :« Ça sentait un peu la corvée obligée… » Le premier ministre, Edouard Philippe, relativisait, un sourire en coin : « L’idée, je crois, c’était de souhaiter une bonne année. »