Avec le PS Now, Sony a été le premier fabricant de consoles à lancer son service d’abonnement avec accès instantané aux jeux. / SONY

Ni Microsoft ni Sony n’emploient trop ouvertement la référence : une multinationale aime rarement se comparer à une autre, a fortiori quand elle est plus jeune. Et, malgré ses 117 millions d’abonnés dans le monde, pèse respectivement 350 et 35 fois moins en termes de chiffre d’affaires.

Et pourtant, l’expression « Netflix du jeu vidéo » n’a jamais été autant à la mode, depuis que Microsoft a mis à jour le 24 janvier son offre Xbox Game Pass. Désormais, pour 10 euros par mois, l’abonné aura un accès illimité à tout un catalogue de jeux parus il y a plus de deux ans, et désormais aux toutes dernières nouveautés éditées par Microsoft, comme les prochains Halo ou Forza.

Ces dernières semaines, chacun à sa manière, plusieurs acteurs majeurs ou naissants de l’industrie ont lancé leur propre service de jeu vidéo sur abonnement. Avec, à chaque fois, le modèle de Netflix en arrière-plan.

Multiplication des offres

Sony et Microsoft ne sont pas les seuls sur ce marché. D’autres acteurs ont présenté leur solution maison, comme le français Blacknut, un service de jeu instantané et à volonté sur PC, smartphones et box TV. De son côté, Nvidia propose GeForce Now, une offre pour Shield TV. Pour 200 euros de boîtier puis 10 euros par mois, elle donne accès à un catalogue d’une soixantaine de jeux, jouables librement avec n’importe quelle manette et « streamé » sur n’importe quel écran grâce à la technologie du « cloud gaming ». Les deux grands groupes du multimédia sont toutefois au cœur de cette bataille, qui pourrait définir l’avenir des prochaines consoles PlayStation et Xbox.

A la fin d’octobre, Sony lancait sur PlayStation 4 le PS Now, une offre à 17 euros permettant de jouer instantanément, sans les télécharger, à plus d’une centaine de jeux PS3 et PS4, dont des superproductions, comme The Last of Us ou des exclusivités comme la trilogie God of War.

Microsoft a fait évoluer l’offre de son Xbox Game Pass pour l’aligner sur celle de Netflix. / Microsoft

L’été d’avant, Microsoft avait déjà inauguré le Xbox Game Pass, avec un catalogue très similaire, à la différence de quelques jeux phares maison (Halo 5, Gears of War 4, Forza Horizon 3, etc.). Le 22 janvier, la firme de Redmond a annoncé que désormais ses prochains titres seraient immédiatement inclus à leur sortie dans l’abonnement, là où Sony mise sur un catalogue âgé d’au moins deux ans.

Xbox Game Pass, le Netflix sans l’instantanéité

Le PS Now comme le Xbox Game Pass ont été présentés comme le nouveau « Netflix du jeu vidéo », suscitant une certaine confusion sur le sens exact d’une telle comparaison. Récemment, la solution de Microsoft a particulièrement été mise en avant.

En introduisant à leur sortie des jeux maison dans l’équation, elle se rapproche en effet des « Netflix Originals », ces productions très médiatiques, comme Orange is the New Black, Dark Mirror ou Stranger Things, lancés en avant-première et en exclusivité sur le désormais célèbre service de vidéo à la demande. Le tout pour un prix quasi identique.

Le gros des catalogues Xbox Game Pass et PS Now est similaire. Microsoft se distingue par son prix, quelques exclusivités et des nouveautés immédiatement en ligne. / Microsoft

La comparaison s’arrête toutefois là, car d’un point de vue technologique, l’offre de Microsoft repose encore sur du téléchargement en local. Concrètement, il ne suffit pas de cliquer sur la vignette d’un titre pour y jouer : il faut ensuite le télécharger, l’installer et le mettre à jour. Du reste, si l’offre est illimitée, le disque dur des consoles Xbox One, lui, ne l’est pas : les 500 gigaoctets (Go) d’une machine première génération arrivent très rapidement à saturation, à 50 Go le fichier pour les dernières superproductions.

PS Now, le Netflix sans les nouveautés

Proposer un lancement instantané, jouer sans installation, et même retrouver l’avancée de sa partie d’une session à l’autre, quelle que soit la machine : c’est en revanche ce que propose le PS Now. Basé sur la technologie Gaikai, une entreprise de « cloud gaming » rachetée par Sony en 2012, elle propose le service sur consoles le plus proche de Netflix en matière d’expérience utilisateur, en dépit de quelques soucis de définition d’écran.

PS Now propose le service sur consoles le plus proche de Netflix. / Sony

Là où Sony s’en éloigne, c’est surtout sur la proposition commerciale : non seulement le PS Now est plus coûteux que la concurrence (17 euros par mois), mais il n’inclut quasi aucun jeu de moins de deux ans. Il partage avec le Xbox Game Pass un important fond de catalogue composé de quelques grands classiques modernes, comme Red Dead Redemption, Resident Evil 5, et la trilogie Bioshock, et même quelques exclusivités de type The Last of Us ou God of War. Mais dans l’état actuel de l’offre, contrairement à un abonné Netflix, un client PS Now ne sera jamais à l’avant-garde des dernières sorties, bien qu’il soit celui qui paye le plus cher.

Le « Netflix du jeu vidéo » n’est donc pas encore arrivé. Microsoft mise très clairement sur une proposition commerciale semblable ; tandis que Sony maîtrise déjà une technologie permettant une expérience proche. Les autres services en ligne souffrent de leur côté plus confidentiel, ou de catalogues moins étoffés. Mais ces offres sont encore jeunes, et à l’image de celle de la Xbox One, peuvent encore évoluer.